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Vous trouverez sur cette page deux récits au jour le jour d'un premier voyage en Syrie. Nous sommes toutes deux parties en Syrie pour faire un stage à l'Institut Français d'Etudes Arabes de Damas (l'IFEAD). Nos récits se complètent et vont parfois à l'unisson.

 

Carnet de voyage de Catharina

Gazette damascène de Claire

 

 

 

voyage de Catharina

VOYAGE EN SYRIE DU 18 JUIN AU 31 JUILLET 2004:

Je suis partie en Syrie pour suivre des cours d’été à l’Institut Français d’Etudes Arabes de Damas. J’en ai profité pour visiter un peu le pays. Ce carnet de voyage est élaboré à partir des pages que j’ai publiées sur Internet au fur et à mesure de mon séjour. J’y ai fait quelques corrections et compléments.

19 juin 2004, 14:08

 ARRIVEE A DAMAS (VENDREDI 18 JUIN 2004)

 Bonjour à tous

Le voyage s'est très bien passé, déjà dans l'avion je me suis fait plein d'amis et je me suis mise à parler... A l'aéroport comme prévu Zaynoun m'attendait, il est super sympa. Bref on prend la voiture et on va vers Damas située à 35km. Et là déjà le dépaysement commence ! Pour la conduite déjà en France j'aime pas mais là c'est vraiment pas possible! Bref, on arrive dans la ville et là, en plein milieu d’une grande rue, à la sortie d’un carrefour géant, la voiture s’arrête brusquement et ne veut plus redémarrer. Alors Zaynoun il hèle deux gars qui passaient sur le trottoir et ils se mettent à pousser la voiture mais là encore, rien a faire. Alors on a pris un taxi et là il se retourne et me tend la main : marhaba (c'est-à-dire bienvenue). Donc déjà on a bien rigolé. Rendue à la maison, je fais la connaissance de la propriétaire, une vielle dame très sympa mais bon pour le moment on n'a pas réussi à beaucoup se parler.

Quand on rentre, on traverse un petit couloir (à droite, les toilettes à l’européenne, ouf, parce que les chiottes de l’aéroport, je ne vous dis pas! et à gauche la salle de bain qui pour le coup est très très très folklo. Mais je m'y ferais. Après le couloir, on tombe sur une cour intérieure, un super patio avec les arbres et tout et tout. Ma chambre est chouette, un lit, un canapé, une table et une armoire.

Bref j'ai déballé mes affaires et je me suis couchée et là, grand soulagement, j'ai dormi tout mon saoul.

 JOURNEE DU SAMEDI 19 JUIN 2004

 Vers 5h ce matin, les petits oiseaux m’ont réveillée c’était très agréable. Mais je me suis rendormie et à un moment j'ai entendu Zaynoun qui était là (ce matin il avait encore un exam). Il est parti me changer de l'argent, je lui donne quelques billets et lui il revient avec une liasse!!! Apparemment j'ai prévu très large donc tant mieux, je pourrais visiter le pays, prendre le train... Zaynoun m’a emmenée au resto et ensuite quand il est parti il m’a laissée avec sa cousine qui m’a fait visiter le quartier. On est rentré dans un magasin de cd (ils vendent que des CD gravés!!!) et j'ai déjà acheté un peu de musique. Là je me ballade et je vais rentrer bientôt.

Enfin c'est vraiment super chouette, les gens sont très sympas et ils s'occupent bien de moi, ils se relaient pour pas que je sois trop toute seule et pour me faire visiter.

Il fait chaud, hier je suis sortie de l'avion en pull (vers minuit), j'ai compris ma douleur! Mais ça va parce que les maisons sont fraîches du coup.

D’ailleurs à l’aéroport, y a un monsieur qui m’a vue potasser mon guide alors il m’a demandé d’où je venais et après il me surveillait tout le temps pour me réserver une place, aller au bon endroit, il m’a fait passer la douane comme une lettre à la poste, bref, très sympa.

Voilà quand je me connecterai je vous raconterai la suite...

21 juin 2004, 18:19

 JOURNEE DU DIMANCHE 20 JUIN 2004

Plus rapidement, hier je suis sortie avec Hazar (la cousine de Zaynoun, le gars qui est venu me chercher à l'aéroport), on voulait prendre un minibus mais on a attendu en vain au bord de la route pendant une demi-heure. Finalement on a pris un taxi jusqu'au Musée National que j'ai visité. On est passé au musée militaire et dans une mosquée dont la cour est occupée par des artisans (tisserands et peintres sur bois) dont j'ai pu admirer le travail. On a crapahuté puis on est rentré, j'ai fait une bonne grosse sieste. Le soir, j'ai été manger au resto avec Gisella, l'étudiante qui loue une chambre dans la même maison que moi.

Tout à l'heure, j'ai vu un livre en arabe dont le titre était : la macrobiotique !!!

J'ai sûrement oublié des trucs, mais l'essentiel est là : je suis bien contente et j'adore Damas.

21 juin 2004, 17:44

 JOURNEE DU LUNDI 21 JUIN 2004

 Si je ne me trompe pas, demain sera la journée la plus longue de l'année. Le soleil se couchera ici  19h55 heure locale, c'est-à-dire 18h55 heure française.

Aujourd'hui, grosse journée : c'était ma première sortie seule dans Damas. Ce matin, j'ai pris un minibus (c'est comme un trafic, une camionnette à 9 places. Tu montes et tu fais passer 5 livres syriennes au conducteur et tu descends quand tu veux). Jai été comme ça pas très loin du lieu du stage, j'ai marché un peu jusqu'à l'IFEAD (là où je fais mon stage) et j'ai rencontré le directeur. Les cours ont l'air très complets et j'ai hâte de commencer car je pense que je vais beaucoup apprendre. Ensuite je me suis inscrite à la bibliothèque puis je suis sortie, j'ai été à la poste acheter des timbres pour la France et j'ai posté mes premières lettres.

Après ça, j'ai marché beaucoup pour aller à la banque centrale (il n'y a qu'un seul endroit pour changer les travellers' chèques à Damas). Si jamais vous allez à Damas et que vous vous ennuyez, venez changer vos travellers' chèques. Ca vaut le détour! Donc, j'entre dans la banque, je trouve assez facilement le guichet en question, je dis au Monsieur que je veux changer mes traveller's chèques en Livres Syriennes, il me demande mon passeport et m'envoie en faire une photocopie avec les chèques. Je vais voir un autre Monsieur dont le rôle semble être de faire les photocopies pour tout l'étage. Je reviens voir le premier Monsieur (on va dire A), qui fait un reçu et signe. Il me dit d'aller voir sa collègue Maria (B), derrière le guichet. B, une chrétienne (elle porte une grosse croix en or autour du cou) qui partage son bureau avec C, une musulmane voilée. Quand je dis bureau, en fait c'est une table dans une grande salle avec plein de monde et de billets de banque partout. Je donne le tout à B, qui vérifie puis signe. Ensuite je montre le tout à C, qui vérifie à son tour et signe. Je repasse le tout à B qui re regarde et re signe (là, n'en pouvant plus, je rigole franchement, m'attirant des regards amusés). B me dit d'aller voir un autre Monsieur dans un vrai bureau celui-ci (c'est le directeur de l'étage ou quelque chose comme ça). Je rentre, salue (toujours en arabe, d'ailleurs la première chose que je dis toujours c'est que je ne parle pas anglais comme ça on me parle arabe), et surprise, le Monsieur me dit dans un français impeccable : Bonjour Mademoiselle, vous êtes française, ah, bienvenue dans notre pays. (Il regarde mes papiers et dit) vous avez une signature facile à imiter, soyez prudente. On dit que la signature reflète ce qu'il y a à l'intérieur de nous, est-ce vrai? Alors je réponds que je ne pense pas, il signe le reçu (bientôt, je me dis, on ne verra plus rien!!!) et me dit de retourner voir Maria. Alors je retourne voir B (je sais c'est un peu barbare avec les lettres mais comme ça je m'y retrouve!) qui re regarde (du coup je me demande ce qu'ils regardent, au juste). Elle garde les photocopies et ne me laisse que le reçu. Là, je retourne voir A (et je croise le Monsieur chef qui me dit : courage, vous y êtes presque, bienvenue!) qui, enfin, me donne du liquide. C'était très rigolo, mais il ne faut pas être pressé!

Apres ça, je suis allée au comptoir de la compagnie aérienne pour confirmer mon retour, mais il faut que j'y retourne avec mon billet.

Et je me suis baladée dans les rues, me dirigeant vers la vieille ville (voir plan). J'ai commencé à prendre des photos, mais il y a beaucoup de soleil et je ne sais pas ce que ça donnera. J'ai visité le Musée Historique. En fait je suis entrée par un côté privé, l'air de rien, du coup j'ai vu plein de choses... Un monsieur m'a fait visiter. J'ai vu des maquettes du vieux Damas, mais surtout des intérieurs de maison magnifiques. Les plafonds sont en boiseries décorées, il y a des fontaines dans chaque salle, les meubles sont tous en bois incrustés d'ivoire et de nacre. Le sol est en marbre. C'est vraiment très très chouette. Malheureusement, il n'y a ni livre, ni carte postale.

Apres ça, je suis rentrée dans la vieille ville et là je me suis un peu perdue dans les rues et les souks, j'ai visité, moyennant un petit bakchich, le tombeau de deux empereurs dans le palais de Baybars, j'ai même vu des manuscrits de plus de 200 ans. (Al-madrasa al-Zahiriyyé)

Et je suis arrivée lessivée, j'ai mangé et j'ai fait ma sieste.

Bref, j'ai vu plein de choses merveilleuses...

Ici, le plus chiant c'est les voitures : ils écrasent les piétons sans ménagement. Y a même des policiers aux feux rouges pour les faire respecter! Mais en gros les voitures sont en bon état, malgré tout il y a une odeur très désagréable et beaucoup de fumée. Conduire en Syrie est tout un art, qui consiste à klaxonner sans s'arrêter!

Hier il faisait 37, je pense qu'il fait entre 35 et 40 pour le moment.

Merci pour vos messages.

25 juin 2004, 11:04

JOURNEE DU MARDI 22 JUIN 2004

J'ai commencé à dessiner ce jour-là; en me baladant dans les ruelles de la vieille ville, j'ai été dans un cul-de-sac qui montait et de là on a une vue sur la grande Mosquée (La Mosquée des Omeyyades). Ensuite, je me baladais toujours, et par curiosité je rentre dans une librairie. Et tout d'un coup, je tombe sur un rayon de livres de grammaire arabe. Là mon coeur a fait un bon immense dans mon corps! Chouette, et là vous m'imaginez bien avoir des crampes aux joues tellement je sourie (comme quand j'ai Chules au téléphone ou que je vois Monsieur Abi Aad!!!! Quoique cette comparaison ne vous apporte pas forcément!). Alors je reste devant le rayon à feuilleter, et finalement je jette mon dévolu sur : qawa'id al-i'rab (les règles de grammaires), al-i'rab wa al-imla' (grammaire et orthographe) et al-balagha al-'arabiyya (la rhétorique arabe). Vous en connaissez beaucoup vous, des gens qui jubilent devant des livres de grammaire ? Ben moi ça me fait cet effet-là ! Sur ce, je rentre à la maison toute contente montrer mes livres à Linda (Oum Daoud ) et ça la fait bien rire. Elle dit "bravo bravo' en roulant les rrr, signe de contentement. Après, je suis sortie m'acheter des crayons de couleur (j'avais le choix entre des crayons français ou chinois) et je suis allée dessiner devant la mosquée des omeyyades. Ca faisait pas deux minutes que j'étais installée qu'un gentil pigeon (hamam) qui passait au-dessus de moi a fait caca (comme quoi le voile, c'est vachement utile). D'ailleurs, petite parenthèse, je sors avec mon écharpe sur la tête et une chemise mais c'est pour me protéger du soleil. Parce qu'ici la plupart des femmes sont vêtues à l'européenne (pantalon et débardeur). Bref, là je dessine tranquilou et puis j'ai fait un tour au souk m'acheter une brioche aux dattes, et c'était très rigolo car au même moment, y a un militaire qui est passé et tout le monde a fuit en courant. Ca fait un peu comme à Noailles à Marseille mais en beaucoup plus grand. Je suis retournée à la maison et après une petite sieste, je suis allée chercher une française qui arrivait de l'aéroport. Je l'ai accompagnée à l'hôtel et je suis rentrée en taxi.

JOURNEE DU MERCREDI 23 JUIN 2004

Je suis retournée de bon matin finir les dessins que j'avais commencés et c'est rigolo ya des gens qui viennent regarder et qui restent un peu à côté de moi, on m'a même donné quelques trucs à manger! Ce dessin m'a pris pas mal de temps, c'est une vue sur la fontaine qui est devant la mosquée des Omeyyades avec le propylée de l'ancien temple romain et l'entrée du souq Hamidiyye (voir photo). J'ai visite le tombeau de Salah ad-din (alias Saladin), ensuite je suis allée dans la mosquée Rouqqayya (c'est une martyr chiite, descendante du prophète Muhammad). En rentrant, il faut enlever ses chaussures et revêtir une cape toute noire. Ca c'est vraiment splendide, c'est de l'art persan mais alors, qu'est-ce que c'est beau... C'est tout en faïence bleue, avec des portes en or; l'intérieur, là où il y a le tombeau, au plafond c'est que des miroirs mais on dirait des diamants... c'est pas facile à décrire comme ça mais c'est vraiment très très chouette. Je suis restée là un bon bout de temps, et on m'a offert du nougat. En sortant, j'ai continué de me balader dans les ruelles. L'après-midi, je me suis rendue au Khan As'ad Pacha (khan c'est un caravansérail, dans le temps c'étaient les hôtels pour les caravaniers). C'est en plein dans le souq, il y a une porte immense, massive (genre 6m sur 3) et on rentre par une toute petite porte qui se détache dans la grande, faut se baisser et tout, c'est rigolo. L'intérieur et super chouette, tout en pierre blanche et noire et en boiseries, avec que des coupoles et des dômes. Malheureusement, les pièces sont fermées. En rentrant, je me suis pris un jus de citron (keske c'est bon...) dans un café très chouette (les cafés sont dans des anciennes maisons, c'est très haut de plafond avec des plantes, des tableaux et bien sur Fayrouz). Et la y avait un gars qui voulait marchander le jus de fruit (il voulait 3francs au lieu de 5 en équivalence). Alors je lui dis mais ça ne va pas, tu vas pas marchander un jus de fruit qui coûte rien quand même. Il me dit, écoute, t'as rien compris, ici on n’est pas en France, on est en Syrie, tout se marchande. Bref, pas la peine de discuter avec ce genre de mec, qui ne connaît pas le respect et qui ne sais pas vivre ailleurs que dans son système. Bref. Apres j'ai acheté plein de gâteaux super bons. Le soir, je suis allée au théâtre. C'est dans un complexe tout neuf, moderne et il y a un grand théâtre. La pièce s'appelait Les Diplomates, et c'était très chouette, j'ai rien compris mais ça ne m'a pas empêché de rigoler beaucoup, en plus c'était une mise en scène très moderne avec un peu de danse, les déplacements étaient très chorégraphiés. Bref, c'était très sympa. Ma première pièce de théâtre en arabe. Terrible. En rentrant à la maison, y avait une grande table avec des mézzés (là j'ai regretté mes croissants au fromage et au chocolat que j'ai mangé en allant au théâtre) parce que y avait trois gars d'une entreprise numéro 1 en Jordanie (branche des couches, serviettes hygiéniques...). Parce qu'Elias, le fils de Linda qui habite avec nous, il travaille dans une entreprise comme ça en Syrie. La discussion en gros c'était d'essayer d'amener les tampons sur le marché, mais le problème c'est que les filles n'en mettent pas pour préserver leur virginité... Bref, discussion animée mais business, et des arabes qui font du business pour se partager un marché, c'est très rigolo.

JOURNEE DU JEUDI 24 JUIN 2004

 Qui c'est qui m'a réveillée ? Zaynoun! Bonne surprise parce que c'est un gars vraiment très très très sympa. On est allé au Palais Azem, c'est une riche demeure convertie en musée des arts et traditions populaires (tisserands, dinandiers, menuisiers, travail du cuir, fabrication de costumes... Déjà le bâtiment est génial, mais en plus c'est super beau. Il y a la reconstitution d'un café populaire, avec le conteur et les musiciens, une salle d'armes, une salle d'instruments de musique, une école coranique (il y a la sourate fatiha (l'ouverture, la première sourate du Coran) qui est écrite sur un grain de riz. Ils sont fous ces romains! Sauf que c'est des arabes mais ils sont fous quand même). Zaynoun il me dit si tu veux, je peux t'en offrir un grain de riz avec ton nom écrit dessus, en collier. Alors je lui ai dit, c'est pas la peine parce que si j'oublie mon nom, je ne serai pas capable de le lire!!! Ensuite on a encore acheté des CD (ce sont des magasins de CD gravés uniquement), Mounir Bachir, le roi du luth ('oud). Après, je me suis baladée encore et je suis allée à la madrasa al-'Azem (madrasa signifie école en arabe), j'ai demandé à monter sur le toit et de là, on a une vue splendide sur toute la mosquée des omeyyades, les toits de la ville avec dans le fond le mont Qasioun (voir photo). C'est vraiment super chouette, alors je me suis mise à dessiner. Le problème, c'est que ça tient sur plusieurs feuilles, et ce n'est pas facile... Mais c'est vraiment magnifique. Je suis retournée l'après-midi pour finir mon dessin, et à mon retour, on a pris un café à la maison (avec de la cardamome). J'ai jonglé un peu avec des bouteilles vides et ça a bien fait rire Linda.

Le soir, il y a des amis d'Elias qui sont venus pour jouer à un jeu : Tawlet az-zaher. Je crois que j'ai déjà vu ça en France, mais je ne sais pas ce que c'est. C'est turc, et quand ils jouent, ils disent les chiffres en turc. La première partie, en les regardant, j'ai appris les chiffres, la seconde partie, je comprenais rien et à la troisième, miracle j'ai compris les règles du jeu (sauf le but, ce qui est quand même le plus intéressant!!!). Il s’agit en fait du baggamon.

25 juin 2004, 12:02

LES REPAS

 A base de riz principalement. Il y a les mézzés connus en Europe grâce aux restos libanais (homos: purée de pois chiche avec de la crème de sésame; caviar d'aubergine; taboulé: sans semoule, c'est principalement du persil émincé avec quelques tomates et du concombre et du citron...)

Le pain, c'est du pain tout plat, un grand cercle de 30cm de diamètre environ, parfois avec des trucs dessus, j'ai pas bien déterminé ce que c'est, mais c'est bon.

Une fois j'ai mangé une pizza syrienne, c'est rigolo, c'est un pain avec un peu de sauce tomate et ce que tu veux d'autre.

Il y a aussi le maqlouba (ici avec l'accent du coin on dit ma'loubé), c'est du riz et des aubergines avec de la viande hachée et des pignons de pin. C'est super bon. Il y a un autre truc, je ne sais pas comment ça s'appelle ni ce que c'est exactement, mais c'est très bon. C'est de la viande cuite avec des pois chiches et la sauce est rouge et pique un peu.

Linda une fois elle a fait du foie avec des épices, c'était trop bon.

Il y a aussi le ka'ak, c'est un petit cylindre de pain tout dur, sucré, avec du sésame dessus.

Sinon j'ai goûté de la bière syrienne gelée, bon, ça passe. Je préfère l'arak, le pastaga du coin qui fait environ 50 degrés. De loin on dirait du lait si ce n'est pas trop dilué, mais faut surtout pas se méprendre!!!

La plupart du temps, je mange à la maison avec Linda et Elias (voir photo), y a tout les plats sur la table et on pioche dedans avec du pain. En général, c'est devant un film égyptien (le plus rigolo, ce sont les bruitages quand ils se battent). Les films égyptiens en noir et blanc, c'est toute une institution! Bon comme ça ça a l'air cul-cul mais ce n'est pas pire que friends ou sous le soleil ou je ne sais quelle série à la con. Souvent, ça tourne autour de quiproquo et les acteurs font de super grimaces, ce qui fait qu'on rigole bien!

25 juin 2004, 12:16

 LES SOIREES

Le soir, quand je rentre, il y a toujours du monde. C'est sympa, comme ça je les écoute parler. Il y a la voisine, genre 60 ans, qui a mal aux yeux et qui s'endort à moitié. Et puis tout à coup elle se relève et chante une ou deux paroles, puis s'affaisse à nouveau. Il y a une autre dame, d'autres voisins, bref je vois du monde.

Au début, je ne comprenais pas un mot de ce que Linda me disait (elle ne parle pas du tout l'arabe littéraire, et le dialecte, c'est une autre langue). Mais peu à peu, ça vient... La première soirée, on a fait la chasse aux moustiques ensemble (ça va, ils ne piquent pas. D'ailleurs, ils sont croisés avec des libellules et des vers de terre on dirait. Plutôt difficile à se représenter, hein?)!!!

 

LES BRUITS DE LA RUE

Il y a d'abord l'appelle à la prière et la prière 5 fois par jour (plus j'ai l'impression). Une nuit, je me suis réveillée et il y avait un homme qui psalmodiait... Il y a aussi des échos de la messe (à côté il y a des églises). Ensuite, il y a des vendeurs ambulants. Les vendeurs de pastèque ont une carriole attelée à un cheval, ils passent en criant (j'ai oublié comment on dit pastèque en arabe). Il y en a d'autres qui passent avec des charettes-brouettes et ils crient aussi ce qu'ils vendent. Il y en a d'autres qui vendent des billets de loterie... Ceux que je déteste, c'est des espèces de petit camion avec un moteur de mobylette (vous imaginez le bruit et la fumée surtout!). Eux ils ont un truc comment ça s'appelle, genre un micro... Bref, à tous ces petits bruits fort sympathiques de la rue, ce qui domine, c'est les klaxons. Les taxis, c'est eux qui te klaxonnent quand ils voient que tu marches et qu'ils sont libres. C'est rigolo!

 ATTENTION, LA SAPIENCE DU JOUR

Et bien, ce voyage m'apprend beaucoup de choses, y compris sur moi-même. J'ai pris conscience de l'urgence dans laquelle on vit (du moins moi) en France. Ici, tout se bouscule, la ville fourmille, mais pourtant chaque chose et chaque personne à sa place.

JOURNEE DU VENDREDI 25 JUIN 2004

 C'est vendredi, donc le week-end ici. Ce matin j'ai dessiné un peu et je fais Internet maintenant. Demain matin je vais à l'IFEAD pour faire un test oral pour faire la répartition des groupes. Les cours commencent lundi, ce qui me laisse dimanche pour visiter les deux trois trucs que je n'ai pas fait d'après mes guides. Je suis loin d'avoir tout vu, mais du moins j'ai vu presque tout ce qu'il y a d'indiqué dans les guides, et même plus. C'est déjà bien. Le soir, quand je rentre à la maison et que Linda me demande où j'étais, je lui dis ce que j'ai fait et elle me dit que la plupart des syriens n'ont même pas été dans tous ces lieux. Et oui, c'est toujours mieux chez les autres!!!

 27 juin 2004, 11:33

 JOURNEE DU VENDREDI 25 JUIN 2004

 Comme on était vendredi, tout était fermé sauf dans le quartier chrétien, alors je me suis baladée et je suis entrée dans plusieurs églises, j'ai même assisté à une messe en arménien. Le prêtre est habillé tout en rouge et il tourne le dos aux fidèles, il se tourne vers l'autel, et avec lui il y a deux autres messieurs qui sont habillés tout en robe noire avec une grande capuche noire (pour ceux qui ont vu Princesse Mononoké, c'est comme la tenue du héros quand il part en voyage, ou alors ça ressemble aux robes du ku-klux-clan mais en noir (enfin c'est pas terrible comme comparaison)). A la fin de l'office, les fidèles se pressent non pas pour recevoir l'Ostie mais pour apposer leurs fronts sur un livre que le prêtre tient. La messe était tout le temps en chants. Les Eglises syriaques sont très jolies, il y avait la passion du christ en plusieurs scènes en bois, des mosaïques... J'ai cru reconnaître saint Georges terrassant le dragon...

Apres, en continuant dans les rues, je suis entrée dans le palais Nassan, c'est une maison traditionnelle avec un patio ombragé (une fontaine au milieu). Les pièces qui donnent sur le patio sont décorées de boiseries et tout et tout, c'est vraiment très chouette. Dans les ruelles, on voit aussi de très belles portes.

Tout est travaillé, du plafond aux plinthes, aux poignées de porte... c'est vraiment magnifique.

Le soir on a mangé sur le pouce du za'tar, c'est-à-dire tu trempes ton pain dans l'huile d'olive puis dans le za'tar (mélange de thym et de sésame). J'ai eu du mal à m'arrêter... Puis on a eu une discussion animée ensuite avec Elias (le fils de Linda) et Sana, une voisine qui vient tous les soirs : comment ton fiancé t'a laissée partir... et le mariage, et les enfants... bref, moi je leur ai raconté des trucs rigolo et depuis ça fait des blagues entre nous.

JOURNEE DU SAMEDI 26 JUIN 2004

De bon matin, j'ai pris le bus pour l'IFEAD, là j'ai eu un test pour la répartition dans les groupes et ça s'est très bien passé. J'ai eu un texte sur Al-Jahiz mais il était vocalisé (c’est-à-dire qu’il y avait les voyelles), alors j'ai pas eu de mal à lire. Ensuite le prof m'a posé des questions sur le texte et j'ai répondu du tac o tac sauf pour la conjugaison parce que c'était un verbe difficile. Mais c'était facile dans l'ensemble. Après y a une dame qui parlait en dialectal qui m'a demandé ce que j'ai mangé ce matin. Alors je réponds "Akaltou (j'ai mangé) ka'ak (le fameux petit pain dur) oua (et) hilal. Là elle me regarde et elle me dit Chou?(quoi?), alors, croyant m'être trompé de voyelle, je dis halal aou hilal, ma ba'rif (je ne sais pas), un croissant. Alors là ça l'a fait rire à tel point qu’elle a pleuré parce que hilal, en arabe, c'est juste le croissant de lune et pas la viennoiserie!!! Après elle a essayé de me poser d'autres questions mais elle rigolait toujours... Moi j'ai bien rigolé aussi!!! Les cours commencent lundi 28 juin.

Apres le test, je suis allée me balader en ville avec deux garçons qui font le stage, on a été manger dans un resto super joli : beit Jabri.

JOURNEE DU DIMANCHE 27 JUIN 2004

Ce matin, j'ai visité le bimaristan An-Nouri (bimaristan c'est un nom persan qui veut dire maison des malades) qui est converti en musée de la médecine et des sciences chez les arabes. C'était très intéressant et j'ai acheté un bouquin (pour une fois qu'un musée propose un livre... mais que en arabe). Ensuite je suis retournée sur le toit de l'école Al-'Azem pour finir mon dessin mais c'était en plein soleil alors je ne suis pas restée longtemps...

Demain les cours commencent, j'ai bien hâte. Je suis bien contente car j'espère progresser.

J'aurai pas mal de choses à vous raconter encore, par exemple quand j'irai à l'immigration, je crois que ce sera au moins aussi rigolo que la banque...

Portez-vous bien.

29 juin 2004, 19:28

JOURNEE DU DIMANCHE 27 JUIN 2004

Je ne sais plus très bien ce que j'ai fait l'après-midi... ah, si, j'étais en pleine sieste quand Brice et Manu (deux gars qui font le stage avec moi avec qui j'ai sympathisé) sont venus sonner... je suis allée boire un verre avec eux devant la porte de la mosquée des omeyyades, bab al-nawfara (la porte des nénuphars), puis je les ai emmenés aux meilleures glaces du monde. C'est dans la rue derrière chez moi, à 262 pas précisément, y a un monsieur qui fait des glaces au citron, mais peut-être que j'ai déjà raconté ça... si j'ai bien compris les explications de Zaynoun, c'est du jus de citron chauffé avec du sucre et ensuite qui est mis à tourner dans une glaceuse (si ce mot n'existait pas auparavant, ça y est, c'est fait). En fait dans le comptoir il y a un trou avec dedans un tonneau qui tourne avec la glace dedans et le jus au milieu... bref, rien que d'y penser, ça me fais saliver... Après ce petit intermède, je suis allée m'acheter un cahier et un effaceur (comme ça, ça peut avoir l'air tout bête mais c'est déjà tout une aventure...). En retournant à la maison, il y a Zaynoun qui arrive au même moment avec à peu près 50 kilo de billets (je plaisante), en fait c'est lui qui s'occupe de changer mon argent et 850 Euro ça fait 50000 Livres syriennes donc 50 billets de mille... beurk... mais bon, le lendemain, je me suis délestée de 42000 SP (livres syrienne) en payant le stage.

JOURNEE DU LUNDI 28 JUIN 2004

Aujourd'hui premiers cours et franchement c'est fantastique (j'abrège un peu car je n'ai plus que 5 mn), j'ai jamais eu des cours pareils : les profs ne sont rien qu'à nous et nous on est rien qu'à eux... enfin vraiment, quel bonheur, des vrais cours avec un vrai prof et une vraie classe (par vrai j'entends motivé, intéressé...). Il y a trois groupes de niveaux et je suis dans le premier. On est une quinzaine, dont un allemand, une italienne et une américaine, dans les autres groupes, y a aussi des japonais, espagnol, norvégien... c'est super chouette. Pour les cours de dialectal, je suis dans le deuxième groupe, tant mieux, on commence à zéro.

Les cours jusque là sont vraiment très intéressants; la prochaine fois je ferai aussi un portrait de mes profs et je vous raconterai pour obtenir un prolongement de visa (obtenu sans trop de problèmes...).

Dans la soirée, j'ai aidé la voisine à déménager et c'est aussi toute une histoire...

JOURNEE DU MARDI 29 JUIN 2004

A peu près même journée qu'hier, à savoir cours de 8h30 à 14h (avec une pause de 11h30 à 12h), ensuite je suis allée rechercher mon passeport, je suis revenue à la maison pour faire une grande sieste, j'ai bossé un peu, et la j'ai RDV avec Brice et Manu pour aller manger. Ici il fait déjà nuit noire depuis une heure (il est presque 21h, 20h chez vous).

A bientôt.

2 juillet 2004, 17:42

JOURNEES DU MERCREDI 30 JUIN AU SAMEDI 3 JUILLET 2004

BONJOUR A TOUS...

En gros la journée il fait entre 35 et 40 et la nuit 25 ou 30 (ces derniers jours la température monte et c'est plutôt 30), mais 30 ça parait un peu froid après la chaleur de la journée... mais je ne souffre pas de la chaleur, je ne sais pas pourquoi, si je me suis bien adaptée ou quoi mais en tous cas, ça va bien.

Bref, après ce petit intermède météo, voici ma "journée type" (je ne fais jamais deux jours de suite les mêmes choses) : le matin, je prends le bus à Bab Touma (3 minutes à pied de ma chambre). Les cours sont de 8h30 à 14h avec une pause de 11h30 à 12h. C'est très très très intense. Après ça, en général, je rentre à pied avec Manu (un gars du stage avec qui je m'entends très bien), on se ballade par-ci par-là et on va manger (on test tous les restos!) ou boire un jus de fruit (la dernière fois, j'ai bu un jus de dattes indiennes... hummmmmmm, délicieux. C'est des vrais jus de fruits...). ensuite je rentre à la maison pour travailler, parfois on se retrouve le soir à deux ou trois pour bosser nos devoirs, ou on sort manger ensemble, se balader dans la vieille ville et manger quelques glaces...

Pour le moment, le resto le plus chic qu'on ait fait (chic c'est-à-dire y a toujours un serveur derrière toi pour te servir quand tu as fini... vous voyez le genre ? Au moins ***** !). Eh bien, service compris + pourboire, on en a eu pour 1300 LS, disons 1500 pour arrondir, et comme on était trois, ça fait... 50 Francs français par personne!!! Mais en général, on mange très très bien dans de superbes demeures pour 20 francs (et on finit jamais tellement on a de trucs à manger).

Le fattouch, c'est une espèce de salade avec concombre, tomates, pourpier, plein d'autres herbes, radis et avec dedans des petits morceaux de pain qui craque c'est trop bon... En général, on se prend des mézzés avec un fattouch et on pique dans les plats... mes préférés c'est bien sur le hoummous (purée de poids chiches avec huile d'olive, crème de sésame et citron), et le moutabbal (caviar d'aubergines, mais alors du vrai de vrai du feu de dieu!).

J'ai testé un fast-food syrien, ils font tout eux-mêmes et c'est vraiment très bon. Rien à voir avec mac do.

Je suis retournée voir la pièce de théâtre, c'était toujours aussi bien. D'ailleurs il faut que j'y aille parce que je vais à un "concert" de Luth et bouzouk.

Ce week-end normalement je vais à Saydnaya, c'est une ville dans la montagne avec un joli couvent, enfin je verrai bien la bas... Pour les prochains week-end je me tâte, j'irai peut-être à Beyrouth, peut-être à Tadmor (Palmyre) et à Alep, ça c'est presque sûr...

Pour ce qui est des cours, c'est très intense mais j'apprends plein de choses...

Gros bisous à vous et à la prochaine.

4 juillet 2004, 08:20

JOURNEES DU VENDREDI 2 AU DIMANCHE 4 JUILLET 2004

COUCOU

Ou plutôt devrais-je dire MARHABA

Là je suis chez Zaynoun à Saydnaya dans la montagne, je suis arrivée hier soir et déjà dans la nuit c’était plutôt chouette alors j'ai hâte de sortir pour voir la montagne...

Je suis allée à un concert de luth et bouzouk, c’était très chouette. Hier soir on est sorti avec des amis de Zaynoun et je commence à discuter un peu, c'est chouette... l'air ici à Saydnaya est enfin respirable... ouf, ça me coupe un peu du smog de Damas. Sinon le reste du temps c'est boulot boulot boulot. Demain matin à la première heure je dois faire un exposé sur la poésie après l’avènement de l'islam. En attendant, au programme aujourd'hui c'est visite des couvents de Saydnaya, très réputée pour ça.

Je suis très heureuse ici, j'ai des choses fixes, comme les cours, mais après je fais toujours des trucs sympa, je me ballade, je visite quelques lieux, ou je vais manger une glace et discuter un peu... j’entends les cloches qui sonnent, voila un bruit familier! D’où je suis à Damas j'entends les prières musulmanes toute la journée.

Je ne sais pas si je vous ai raconté les vendeurs de pastèque... ici la pastèque on en mange des tonnes par jour... et bien ils ont une charrette avec un beau cheval et une montagne de pastèque et ils passent dans la rue en criant « battikh »... Du patio de la maison où je suis, c'est chouette parce qu’on entend les pas du cheval sur le pavé... ça fait un peu surréaliste, on se croit, l'espace d’un instant si on ferme les yeux, revenus au temps des milles et une nuit.

Damas, c'est une ville plutôt petite. On peut tout faire à pied, en prenant son temps. Bon, ici c'est vraiment affreux pour les piétons, notre prof de dialecte nous a dit quelle s'est déjà fait renverser cinq fois... Dans l'ensemble, le parc automobile est moderne et en bon état. J’ai vu pas mal de golf et de 405 et d'autres peugeot. Les voitures les plus déglinguées ce sont certains taxis. Je pense qu'au moins deux tiers des voitures ici sont des taxis, ils sont tous jaunes et les courses ne valent vraiment rien. Tu peux négocier un aller à Beyrouth pour moins de 50 balles.

Le temps passe vite et je ne suis pas encore décidée pour mes prochains week-ends, surtout qu’on a une masse de boulot. Je pense aller à Alep, je me tâte pour aller à Palmyre, je pense que ça vaut vraiment le coup... J’irai très certainement en train à Lattaquié, il parait qu'il passe dans la montagne et que c'est très pittoresque. Je vais aussi me faire un coucher de soleil sur le mont Qassioun, qui domine Damas et duquel on doit avoir une super vue...

Bon, je m’arrête là pour aujourd'hui, en vous espérant en forme, la santé, le moral... YAHYA SOURIA

La nuit dernière à Damas il faisait plus de 30 degré, la température monte petit à petit. Ici les oiseaux pioupioutent jour et nuit.

9 juillet 2004, 15:04

JOURNEES DU LUNDI 5 AU VENDREDI 9 JUILLET 2004

 BONJOUR A TOUS

Ce sera un petit mot très très très rapide, désolée pour ce silence mais j'ai des journées vraiment remplies à bloc... la moitié des cours est finie aujourd'hui, on a beaucoup de boulot mais c'est vraiment très intéressant. Cette semaine j'ai vu un film tunisien et un film syrien, je suis allée boire un pot sur le mont Qassioun qui domine la ville... De nuit elle scintille : les minarets des mosquées sont en néon vert et les clochers des églises en néon bleu. Bon, il faut que j'y aille, j'essaierai de prendre du temps dimanche pour écrire un peu plus longuement. Je vais passer le week-end dans deux couvents situés dans la montagne.

Bisous portez-vous bien.

 11 juillet 2004, 16:49

MARHABAAAAA AHLIIIIIIIIIIIIIIIN

Ça c'est le bonjour accent syrien... ça y est la forme revient, je suis un peu moins crevée que la semaine dernière, et je suis un peu triste d’être déjà rendue à la moitié des cours... ça passe super vite mais que de progrès... pas trop pour ce qui est de l'expression orale ou écrite, mais par contre pour ce qui est de la compréhension, je fais d'énormes progrès. J'apprends plein de trucs sans m'en rendre compte. C'est vraiment super et je suis très enthousiaste.

 JOURNEE DU VENDREDI 9 JUILLET 2004

Vendredi, après les cours, on est parti à Ma'loula avec un copain, c'est une petite ville dans la montagne à 1500 mètres d'altitude. Alors pour y aller, c'était très rigolo, on se pointe à la gare des bus pour Ma'loula, mais c'est super grand plein de parkings alors on demande à deux ou trois personnes (enfin ce sont plutôt elles qui viennent nous demander où on va) qui nous disent par là, par là, par ici, tout droit... finalement on tombe sur un gars qui nous dit "ya pas de bus, c'est vendredi, khalas, vous trouverez rien..." et bla bla et il nous dit allez, je vous emmène pour 300 LS. (30 francs quoi, pour avoir un bus rien qu'à nous, partir quand on veut jusqu'où on veut, on peut se le permettre de temps en temps!!!). Bref en fait y en avait bien des bus, mais il a gagné sa journée et nous on est arrivé à Ma'loula en une demi-heure au lieu d'une heure. Alors là, quand on arrive, c'est vraiment magnifique. On voit pas arriver le village qui est complètement enclavé dans la montagne, entre roche et dune. Le soir, ça prend des tons de rouge et ocre, c'est magnifique. On est allé visiter le couvent de Sainte Thècle, première martyre chrétienne, qui est très beau et très paisible. Le soir, on est allé se promener dans la ville, qui est construite à dos de montagne, c'est impénétrable autrement qu'à pied, c'est que des toutes petites ruelles en escaliers qui montent jusqu'à la roche. Petites maisons blanches et bleues... vraiment magnifique. Là c'est le coup de foudre pour moi, j’suis amoureuse de Ma'loula... La nuit on a dormi dans le couvent.

 JOURNEE DU SAMEDI 10 JUILLET 2004

 Le lendemain matin on est allé voir l'autre couvent, beaucoup moins de charme, par contre il est tout en haut de la montagne et comme on y est monté à pied on a pu admirer le paysage... le plus beau pour moi depuis que je suis ici... les montagnes ressemblent à des dunes, il y a de-ci de-là quelques taches vertes (des oasis de figuier...). Ensuite on a attrapé un petit défilé qui passe dans la montagne (très probablement des anciennes gorges) et tombe sur le premier monastère... Au milieu du défilé, on arrive dans une espèce de place où les flancs de la montagne sont creusés. Il y a des grottes et des tombeaux qui datent du début de l’ère chrétienne, car les villages du Qalamoun sont parmi les premiers villages de la chrétienté. C'est pas facile à imaginer mais c'est vraiment magnifique...

JOURNEE DU DIMANCHE 11 JUILLET 2004

Retour à Damas et dimanche studieux, je suis allée m'acheter une pièce de théâtre en arabe et là je vais rentrer à Bab Touma (c'est le nom du quartier où j'habite). Hier j'ai goûté les pâtisseries syriennes pour la première fois... WAOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU

Et les deux derniers restos j'ai mange comme c'est pas permis... trop bon....

Il y a le namoura, un gâteau de semoule et amandes avec de la fleur d’oranger et du miel. Je ne sais pas comment s’appelle mon gâteau préféré, mais il arrive ex-aequo avec le mouhallabiéh, une crème de fleur de maïs avec de l’eau de rose, nappée de miel et de pistache. Un délice.

Navrée mais j'ai des questions sur un texte, faut que j'étudies... je profite du stage car c’est très court et très intense. Je bosse comme je peux.

Bisous.

17 juillet 2004, 13:41

JOURNEES DU LUNDI 12 AU SAMEDI 17 JUILLET 2004

BONJOUR A TOUTES ET A TOUS (tiens, que me vaut cet élan paritaire tout à coup?)

Pour moi c'est le bonheur absolu, ça baigne, constante fort agréable ma foi... bon, petit hic, c'est que je me suis fait une meilleure amie qui s'appelle Turista et qui ne me lâche plus, je vous passe les détails mais c'est plutôt très chiant (c'est le terme approprié, navrée pour ceux qui découvrent ici ma subtilité profonde...)

A part ça, je vais me consacrer à fond au travail pour la dernière semaine de cours, ça passe très très vite, sans m’en rendre compte, j'ai vite fait de bosser les cours 8 à 9h par jour, ce qui me semble peu vu tout de qu'on a à faire. Hier j'ai rangé mes cours et j'ai un classeur plein... c'est super chouette. J'apprends plein de trucs et puis en plus depuis hier, il semble que j'ai enfin eu ce fameux déclic... je commence à parler avec un peu tout le monde... hier j'ai appelé Zaynoun au téléphone, grande première mais ça s'est très bien passé... on s'est donné rendez-vous et on s'est vu ce matin. On a été faire une petite ballade et on a beaucoup discuté, particulièrement de nos sociétés respectives et des problèmes qui en découlaient, de la liberté d'expression enfin de la liberté en général. Je suis super contente parce que j'ai bien parlé, c'est quand même un sujet de conversation intéressant et c'est chouette pour moi de me mettre à parler comme ça... hier soir j'ai regardé un peu la télé avec Elias et puis on s'est mis à parler, et devinez de quoi ? De la sexualité! Alors je ne m'y attendais pas du tout parce que c'est tabou ici, on ne parle pas du tout de ça, même à l'école. Mais je pense que les chrétiens sont moins coincés de ce point de vue la. C'est un peu chiant d'entrer dans ce genre de considérations, mais y a quand même une sacrée différence de mentalité entre chrétiens et musulmans. Quand aux juifs, il n'en reste plus. Les confessions religieuses jouent un rôle important ici. Mais ça fait moins poudrière qu'au Liban. Enfin voila, je commence enfin à avoir des discussions intéressantes... Il reste que de tout le séjour, les deux seuls syriens (profs à part) avec qui j’ai pu parler de sujets intéressants, c’est-à-dire autre chose que le mariage ou la religion, ou alors ces sujets mais exploités d’une autre manière, ce sont Elias et Zaynoun. Ce sont aussi les deux seuls qui ne m’ont pas fait de propositions d’ordre « sexuel ». Donc, je les apprécie beaucoup.

Voyons voir qu'est-ce que je peux vous raconter de ma semaine... à part les cours et la turista...

Je suis allée voir des pièces de théâtre (enfin, il y avait une adaptation de Ionesco et un monologue qui duraient chacun 20 minutes). C’était vraiment folklo... la première pièce "Le Maître" de Ionesco se jouait dans une salle d'expo, avec une grande baie vitrée. Et la rue était pleine de gens qui s'arrêtaient pour regarder, c'était très drôle. Quant aux gens de l'intérieur, on tape la discute, on téléphone, on sort son cigare, sans problèmes, tout est normal. C'est ce qui est étrange ici. Les gens viennent au théâtre mais on dirait qu'ils s'en foutent. La deuxième pièce m'a beaucoup plu, car elle mêlait danse, théâtre, musique et peinture.

Sinon, le 14 juillet je suis allée à l'ambassade de France, il y avait une grosse réception, champagne etc. bref tout ce que j'aime... (c'est de l'ironie bien sûr). Jeudi soir, on est parti une vingtaine d'étudiants du stage avec le directeur pour aller manger dans la montagne, une ville qui s'appelle Bloudan, aux sources du Barada (la rivière qui arrose Damas). Sur le chemin on a fait quelques pauses dans des endroits très sympas, au bord d'un lac il y a plein de chevaux avec une selle multicolore et une couverture et on peu aller se promener en cheval. Les montagnes dans le fond sont magnifiques, on dirait des dunes. Bloudan est à 1400 mètres d'altitude donc il y fait frais le soir, on a été faire un petit tour dans les jardins au-dessus de la ville.

Ici c'est blindé de saoudiens, je commence à prendre le pli parce que rien qu'en apercevant une voiture je peux à peu près dire si c'est des syriens, libanais, koweitiens ou saoudiens. A propos de voiture et de circulation, à Damas il y a un système de grandes avenues avec des petits ponts pour piétons au-dessus des grosses artères mais aussi des routes qui passent au-dessus des autres... bref, en général le soir je rentre à pied de l'IFEAD, et je passe dans un endroit chaud à traverser. L'autre soir, il y a avait 8 militaires pour faire la circulation au même endroit (la route à la largeur de 2 files, c'est-à-dire qu'il y en a 3 en fait). Et alors déjà c'était très drôle autant de gars pour faire la circulation, mais c'est surtout que les gens s'en foutent à moitie, c'est vraiment bizarre. Bien évidement ce genre de discours n'est pas à tenir donc je ne vais pas faire d'autres descriptions du genre.

Demain (ou peut-être lundi) je vais m'acheter un accordéon... avant ça il faut que je retourne changer des traveller’s cheques ce qui va m'occuper demain matin! J'ai trop hâte de l'avoir et de m'y mettre.

Il est super beau.

Voili voilou c'est tout pour aujourd'hui… si vous avez des interrogations, des choses dont vous voudriez que je vous parle, dites-le moi…

Portez-vous bien tous,

Bisous.

21 juillet 2004, 15:57

Bonjour a tous,

Alors pour résumer ce que j'ai fait depuis samedi... en soirée je suis allée boire un verre avec le gars qui tiens la boutique Internet.

JOURNEE DU DIMANCHE 18 JUILLET 2004

Dimanche matin je suis allée confirmer mon retour (pour le 31 juillet, dans 10 jours), je suis allée changer mes traveller's cheques. Il y a toujours le même monsieur photocopie et Maria et le directeur et tout et tout mais j'ai pas fait la navette entre les deux bureaux cette fois-ci. Et dimanche soir c'était l'anniversaire de Gisella alors y avait plein de monde à la maison, c'était sympa. Elle avait fait venir un cuisinier qui a fait à manger très rapidement, mais pour 150 au lieu de 50 personnes !!! Le gâteau était vraiment délicieux, avec des fruits dessus.

JOURNEE DU LUNDI 19 JUILLET 2004

Lundi, après les cours, j'ai bossé un peu et ensuite avec Manu (un collègue de stage avec qui je m'entends très bien) on a été pour que j'achète mon accordéon. Alors là, grande séance de marchandage... on est resté là-bas près de 2h, à négocier en anglarabe, très éprouvant et j'avoue que je suis loin d'avoir compris les subtilités du marchandage. D'ailleurs j'étais plutôt spectatrice parce que Manu s'est occupé des négociations, il s'est débrouillé comme un chef parce que même un syrien n'a pas réussi à faire baisser plus. Bref, je suis bien contente avec mon accordéon, il est super beau et vraiment chouette, beau son, mais par contre un peu très lourd quand même...

JOURNEES DU MARDI 20 ET DU MERCREDI 21 JUILLET 2004

Hier, je suis allée au théâtre. En fait on a la chance d'avoir un prof qui est l'un des principaux acteurs de la vie culturelle en Syrie, alors il nous donne des places quand il y a un spectacle. Bon, mis à part que personne n'éteint son portable, ça m'a beaucoup plu.

En cours, on a discuté de quelques sujets très intéressants, par exemple la société civile en Syrie. Eh bien, depuis 1963, à l'arrivée du parti Baath au pouvoir, l'état d'urgence a été déclaré et demeure depuis, ce qui signifie aucune presse libre (sauf quelques revues clandestines ou éditées à l'étranger) et aussi qu'il est interdit de se réunir à plus de 5 personnes sans autorisation (si j’ai bien compris). Ca fait plus de 40 ans que le pays est en état d'urgence!!! Enfin la Syrie c'est tout ce jeu de "pas vu pas pris", certaines choses ne sont pas interdites mais pas autorisées non plus (les paraboles depuis 2000 seulement) ce qui fait que c'est un peu au petit bonheur la chance... L'état emploie beaucoup de fonctionnaires pour éviter les problèmes dus au chômage je pense.

Notre prof de dialecte super chouette nous a raconté des trucs terribles... comme quoi avant il y avait pas mal d'empoisonnements (de filles enceintes ou plus vierges). Fort heureusement cette pratique n'est plus courante ou courue de nos jours. Elle nous a aussi raconté une histoire terrible. Elle bosse en prison pour jeunes et il y a un garçon de 14 ans qui a tué sa soeur, devinez pourquoi ? Parce qu'il l'a vue saigner aux toilettes, en fait elle avait ses règles mais il a cru qu'elle n'était plus vierge et il l'a tué. Voilà un des effets de l'ignorance... plutôt terrible quand même. Bref des anecdotes de ce genre j'en aurais à la pelle à vous raconter... c'est pas jojo mais c'est aussi ce qui fait le pays. Ca fait partie de l'inconscient collectif....

Les cours sont bientôt terminés et c'est un peu frustrant de ne pas avoir le temps de tout bosser à fond. Mais qu'est-ce que c'est passionnant, et voilà tous les progrès que j'ai fait en 1mois... ça va me manquer un peu (enfin comme je vais préparer 2 licences cette année, je ne risque pas de m'ennuyer!)

La Syrie c'est un peu magique quand même. C'est difficile à cerner, c'est un gros bordel organisé : il y a de tout partout tout le temps mais chaque chose a sa place.

J'ai hâte de pouvoir partager mon aventure avec vous de vive voix...

Au fait, vous êtes plusieurs à me parler de loukoum mais je n'en ai pas encore vus... enfin je me venge sur plein de mets plus délicieux les uns que les autres, ne vous en faites pas pour ça.

Bisous.

27 juillet 2004, 14:41

BONJOUR

Je prends un peu de temps aujourd'hui pour tenir ce journal à jour...

JOURNEE DU JEUDI 22 JUILLET 2004

Après les cours, j'ai un peu bossé, à 16h on a regardé un documentaire, en fait l'interview de Sa'd Allah Wannus, un intellectuel et dramaturge syrien. C'était quelques semaines avant sa mort en 1997, il est mort d'un cancer à la cinquantaine. Le sujet étant les rapports avec Israël. Ca faisait juste une heure mais moi à la fin du film ça m'a foutu un cafard d'enfer, j'avais vraiment envie de pleurer et tout et tout... mais bon, je n'ai pas eu le temps de me laisser aller à mes sentiments, car à 18h j'ai assisté à une conférence très intéressante. Bon, si je vous dis là le sujet, ça va pas forcément vous sauter aux yeux, ça parlait d'un héros syrien oublié des années 20-30, au moment de l'arrivée des français. Bref, point de vue historique, ça m'a appris pas mal de trucs, et c'était aussi très intéressant point de vue sociologique et aussi il y avait une partie d'étude en narrativité qui m'a intéressée. Et après ça on est allé manger au resto avec quelques étudiants de l’IFEAD.

JOURNEE DU VENDREDI 23 JUILLET 2004

Derniers cours (snif. Franchement, vu la qualité et la densité des cours, moi je ferais bien ça toute l'année... enfin avec tous les cours que j'ai ramenés, j'ai une bonne base de travail...). Après les cours, je suis rentrée en coup de vent à Bab Touma poser mes affaires et des livres que j'ai achetés (des gros pavés de l'IFEAD sur la grammaire arabe...) puis j'ai été au point de rendez-vous que nous nous étions fixé avec Brice, Claire et Manu (étudiants du même stage) et de là on a pris un taxi pour une gare de bus située en dehors de la ville, et on est parti en bus pour Hama. La gare de bus, c'est vraiment très très rigolo. En fait, il faut s'imaginer une grande place fermée (à l'entrée, on est fouillé sauf les filles!!! d'où l'utilité des fouilles d'ailleurs). Au centre de la place, il y a une grande ligne de comptoirs de compagnies de bus, collées les unes aux autres. Quand tu pénètres sur la place, ce n'est que cris dans tous les sens (Hama Hama Hama!!! Homs Homs Homs!!!! Alep Alep Alep!!!) Etc. ils sont tous à se bousculer pour te proposer leurs services, c'est effrayant. Bref, nous on savait quelle compagnie on voulait prendre (heureusement). Donc on rentre et là c'est la guerre pour arriver au guichet, tout le monde se tasse. Bref, on a réussi à obtenir nos billets quand même (Hama est à plus de 300km je crois au nord de Damas. Le billet nous a coûté l'équivalent d'1Euro50. Les transports en commun en Syrie, c'est vraiment pas cher!). Bref, arrivés à Hama, on est allé s'installer à l'Hôtel, puis on est allé se balader sur le bord de l'Oronte et on a mangé près des fameuses norias, vous savez, ces grandes roues en bois qui soulèvent de l'eau jusqu'à un aqueduc, ce qui permet d'irriguer les alentours. C'était super sympa et il faisait frais...

JOURNEE DU SAMEDI 24 JUILLET 2004

On s'est levé à 6 heures pour se promener à la fraîche avec le soleil levant, sur les bords de l'Oronte, dans les jardins et les petites rues avoisinantes... c'est vraiment très mignon. On a vu plein de norias de très près... L'Oronte s'appelle al-nahr al-'asi en arabe, c'est-à-dire 'le fleuve rebelle', et oui, c'est le seul de la région à couler du sud au nord (le Tigre et l'Euphrate par exemple, et tous les autres fleuves coulent du nord au sud)... voilà pour l'info.

On est passé par une pâtisserie goûter la spécialité du coin, un gâteau de fromage... en fait, c'est de la crème roulée dans du fromage (le fromage fait une pâte, un peu comme un roulé en génoise pour ce qui est de la forme). C'est tout blanc et avec du miel dessus, mais alors c'est vraiment trop bon!!! On est retourné à l'hôtel pour 8h15, de là on est parti faire un grand tour :

- qal'at Sheyzar (forteresse Césarée), une forteresse en ruine qui domine un méandre de l'Oronte. C'est super grand et on a une très belle vue de là... on s'est fait guider par des enfants du village qui jouent dans les ruines (impensable en France, c'est plein de trous partout, de précipices...).

- Apamée, en arabe Afamia, alors là, scotchés! La plus grande avenue du monde (à l'époque) en colonnade... très impressionnant. C'est sur une plaine, et l'avenue fait 2km de long... de chaque côté il y a des grandes colonnes avec différentes sortes de chapiteaux (le problème en Syrie c'est qu'il n'y a pas vraiment de guide alors tu ne profites pas à fond...). Il y a aussi des thermes, une agora très jolie, un temple de Zeus, des colonnes votives (la base ce sont des bancs)... on a pas tout visité parce que sous les soleil et sans ombre, 2km ça fait très long... Enfin on prend bien les dimensions du site quand même... c'est vraiment magnifique. On est passé par le théâtre envahi par les ronces, mais on se fait une bonne idée quand même. On voit bien la scène, les gradins, les allées... Ensuite, on est allé manger (kefta et hommous et salade concombre-tomates. Kefta, c'est de la viande hachée épicée et recomposée en brochettes) puis on a été dans le musée d'Apamée. Il est dans un khan magnifique, tout blanc et sous le soleil ça impose vraiment... on fait le tour des pièces du khan et c'est plein de sculptures ou de mosaïques. Les mosaïques sont vraiment très magnifiques, très grandes et franchement trop chouettes (Claire, t'en perdrais ton accent marseillais!!! j'en ai prise une en photo pour toi, mais dans le noir je ne sais pas ce que ça donnera).

Au fait, tout le monde ne sait pas forcément ce qu'est un khan... devinette, quelle est la différence entre un khan et un caravansérail ? Tous les deux étaient des 'hôtels' à l'époque, où s'arrêtaient les voyageurs ou les caravanes. Il y en a un des deux qui acceptait les montures (chevaux, ânes ou chameaux), c’est ça la différence, mais comme je ne suis pas sûre duquel je ne veux pas vous raconter de bêtises... en tous cas, c'est un bâtiment carré, un peu comme un cloître. Tout autour c'étaient des chambres (ou des écuries).

-Bref, après cet intermède culturel, nous sommes allés à Misyaf, c'est une des forteresses des Assassins (vous connaissez peut-être pas tous l'histoire des Assassins (le mot français vient de l'arabe à cause d'eux d'ailleurs). J'irai très brièvement. C'était une secte ismaélienne, qui pratiquait les attentats-suicides, c'est pour ça qu'ils étaient redoutables. Ils ont tué pas mal de croisés et ont fait trois tentatives sur Saladin.

Misyaf, c'est très chouette aussi (en fait, malgré l’absence de guides, y a un super avantage à visiter des monuments historiques en Syrie : c'est qu'il n'y a personne! (du moins à cette saison). C'est chouette d'avoir un château entier pour toi tout seul...). C'est pareil, on a une belle vue de la région, beaucoup plus verte qu'à Damas.

Après, de Misyaf, Claire et Brice sont repartis pour Hama, et Manu et moi on a continué jusqu'au Krak des Chevaliers. Là c'était presque fermé alors on s'est baladé un peu pour le coucher du soleil (vraiment très beau. Le krak, c'est probablement la forteresse la mieux préservée... de loin, on voit bien qu'il y a deux enceintes, et on comprend qu'elle ne soit jamais tombée...). Dommage que je n'avais plus de photos... Stratégiquement, c'est vraiment important, car c'est à l'extrémité d'une chaîne de montagne et on domine toute la région... D'ailleurs, j'ai appris avec stupéfaction (mais quand tu regardes les cartes, ça se voit bien et il parait que de Jordanie ça se voit bien aussi) que les montagnes du Liban et de la Syrie sont l'extrémité nord du grand rift africain. Et oui...

JOURNEE DU DIMANCHE 25 JUILLET 2004

On a donc visité le krak de bon matin (un vrai régal), avec du vent et une super vue... Les écuries sont géantes, très très longues, il y a aussi une cuisine avec un puit et un four gigantesques. Il y a une chapelle mignonne comme tout avec une chaire très belle. Tout en pierre brute bien sur... Il y a aussi plein de grandes salles voûtées très grandes et très belles.

Apres le krak, on est parti pour Tartous, ville côtière, 2e port de Syrie. On a pris un minibus jusqu'à l'autoroute, et de là on a fait du stop, mais pas bien longtemps (ah, si ça vous parait étrange, ne vous inquiétez pas, tout le monde marche au bord de l'autoroute ici...). Un demi poids lourd blindé à craquer de tuiles nous a fait aimablement monter à l'avant. On a eu tout le temps de discuter, parce qu'on ne dépassait pas les 60km/h...

Arrivés à Tartous, on a été manger au bord de la mer, j'ai vu des goélands (qu'est-ce que c'est gros comme bestioles! moi je croyais que c'étaient des pélicans!). Malheureusement, on n'a pas eu le temps d'aller sur l'île de Rouad en face, on est parti en bus pour Lattaquié, 1er port de Syrie. A Lattaquié, on a été poser nos affaires à l'hôtel, puis on a cherché et pris un microbus pour Ras Chamra, plus connu sous le nom d'OUGARIT, là ou on a découvert le plus vieil alphabet du monde. C'est sur une colline au bord de la mer, y a pas mal de sapins autour... c’est joli comme tout et le climat nous est plus familier. A présent, ce n'est qu'un champ de pierre, mais on voit les fondations de toute la ville, et c'est franchement très chouette, surtout que nous on était au moment du coucher du soleil (et il n'y avait personne!).

Bon, j'abrège. Après on s'est promené un peu au bord de la mer, enfin disons plutôt qu’ on a tourné autour, puisque c’est la côte d’azur (ash-shatt al-azra) et que les plages sont toutes privées à cet endroit, puis on est rentré sur Lattaquié en micro. Le coucher de soleil sur la côte d'azur était magnifique.

JOURNEE DU LUNDI 26 JUILLET 2004

On a pris l'express de 7h pour Alep, c'est un train très spacieux (comme dans l'avion, on nous a distribué du jus d'orange et un petit dej'!!! très sympa). C;est un train qui passe dans la montagne, traverse l'Oronte, puis fend la plaine (al-ghab) jusqu'à Alep. Paysages magnifiques. La Syrie du nord ouest est une région très verte (près de la côte). Et puis on voit les paysans dans les champs, qui travaillent avec des boeufs ou des ânes... On a passé la journée à Alep, dans le vieux souq (vraiment magnifique, avec les plafonds voûtés en pierre). C'est plus sympa qu'à Damas parce qu'on ne se fait pas harceler sans cesse, et c'est très joli. On est rentré dans quelques khans et dans un hammam, ils ont refait en bois tout le plafond, c'est vraiment magnifique. Benjamin, tu y passerais tes journées. Il y a un marchand qui nous a montré un passage secret...

On a visité la citadelle, très belle, vraiment surprenante, avec un théâtre super... On s'est encore baladé et on a été au musée national (dommage qu'on n’a pas eu le temps de tout voir parce qu'il fermait). Il est vraiment chouette, il y a même des statues neo-hittites vraiment superbes, elles m’ont beaucoup plues. Ce sont de très grandes statues mi-homme mi-animal et très expressives... On est rentré en bus (4h30 environ jusqu'à Damas, avec un arrêt à Homs).

Chaque compagnie de bus à ses stations d’arrêt où on peut manger. Là il fallait acheter des jetons pour ensuite les troquer contre ce qu’on voulait acheter).

Vous me direz, en 3 jours ça fait beaucoup de chemin, mais on a pu apprécier plein de paysages comme ça, c'est franchement un très beau pays...

JOURNEE DU MARDI 27 JUILLET 2004

Rangement, repos et Internet ; en fin d'après-midi, je suis sortie pour aller visiter la grande mosquée. L’intérieur se découpe en deux parties : la cour, avec des mosaïques splendides, et la salle de prière, toute tapissée. En me promenant je suis tombée sur Zaynoun qui était avec quelques amis et je suis allée boire un verre avec eux. Je suis allée manger dans un resto inconnu des touristes, un club de journaliste installé dans une magnifique demeure traditionnelle.

28 juillet 2004, 10:10

JOURNEE DU MERCREDI 28 JUILLET 2004

JE PARS À PALMYRE

28 juillet 2004, 20:45

BONJOUR DE PALMYRE

Ah ! si seulement vous pouviez voir ma bonne humeur, je suis sûre que ça vous rendrait heureux... moi j'en ai des crampes aux joues à force de sourire...

Donc pour vous raconter ma journée, ce matin je me suis levée tout tranquillement (grasse mat jusqu'à 10h, du jamais vu, faut dire que j'étais vraiment claquée...), j'ai été lire mes mails (d'ailleurs j'ai l'impression que plus personne ne me suis... j'en suis attristée... faut m'écrire un peu quand même...). J'ai mis quelques affaires dans mon sac et je suis allée à la place de Bab Touma, j'ai pris un taxi pour la gare de bus, et de là il y avait un bus dans moins d'une demie heure dans la compagnie que je voulais... chouette, non (je sais, je mets beaucoup de 'chouette' ou 'très chouette' ou 'super chouette', mais c'est que c'est réellement vraiment très chouette!!!). Alors dans le bus j'ai un peu regardé le paysage, du désert tout le long, mais il y a toujours une chaîne de montagne pas loin... en fait ce n'est pas un désert de sable comme les photos qu'on voit du Sahara, mais c'est plutôt des pierres. De loin, on pourrait croire des dunes, mais ce n’est que de la caillasse tout le long. Tout dans les tons jaune/ocre et ça se colore en rouge au coucher du soleil... vraiment magnifique. J'ai discuté un peu avec le chauffeur, d'ailleurs à ce propos je vais faire un bref intermède :

Les mimiques syriennes :

- Comment dire 'non' : le 'non' syrien consiste à lever la tête vers le haut en fronçant les sourcils tout en claquant la langue. Très rigolo.

- Quand un syrien frotte ses deux index l'un contre l'autre, ça veut dire 'ami' (le chauffeur il m'a dit qu'on pouvait être amis, c'est ça qui m'a fait penser aux expressions gestuelles caractéristiques d'ici...)

- Il y a aussi le ‘attends un peu’, c’est tous les doigts de la main joints vers le haut (comme quand tu as fait une bêtise et que tu tends les doigts pour qu’on te tape dessus, désolée pour la référence !) et tu fais monter et descendre ta main.

Là il n'y en a pas qui me viennent directement à l'esprit... Reprenons où nous en étions... l'arrivée sur Tadmor (Palmyre en arabe) est très belle, parce qu'on passe dans la montagne et tout à coup l'oasis apparaît, tu te demandes bien d'où elle sort... l'arrêt des bus était en dehors de la ville, alors je me suis dit que j'allais aller à l'hôtel à pieds. Mais bien sûr, je préfère les petites rues, et au bout de deux cent mètres, je m'arrête demander mon chemin à un jeune, et là il y en a deux ou trois autres qui arrivent et me pressent pour entrer dans la maison. Je pénètre dans une salle avec que des canapés et une douzaine d'hommes assis à boire le thé. Ils m'ont servi un thé, d'ailleurs je crois plutôt que c'est du jus de dattes chaud, c'est délicieux. Ensuite, ils m'ont fait entrer dans une seconde salle, avec des tapis par terre et où il y avait les femmes (la grand-mère, la mère et les enfants). Là, un plateau géant m'attendait, avec un plat de riz et un saladier de labné (du lait). Donc, j'ai très bien mangé tout en discutant avec une fille qui avait étudié jusqu'au bac, et ensuite j'ai eu redroit à boire le thé-jus de dattes, à peine je finis un verre qu'on m'en serre un autre... j'ai quand même fini par partir, mais en moto (allez vous le croire, moi, monter sur une moto... faut dire qu'il fait au moins 45 au soleil, alors ça aide à dire oui), un jeune m'a emmenée jusqu'à l'hôtel. On s'est donné RDV à huit heure et demie mais je suis arrivée avec 10mn de retard et je ne l'ai pas vu... c'est dommage. Bref, à l'hôtel j'ai pris une chambre, j'ai bu le thé avec l'hôtelier (aujourd'hui, je ne comptes pas les thés que j'ai bus.....). L'hôtelier a appelé son cousin qui fait taxi aussi, il m’a déposé aux ruines. Là en me baladant, je suis tombée sur un groupe de suisses et je les ai suivis pour profiter du guide... je leur ai donné mon adresse pour qu'ils m'envoient leurs photos, ça contribuera à faire un site sympa en plus de mes dessins et de mes bla-bla. J'ai retrouvé le chauffeur de taxi (Mohammed) qui m'a emmenée à la forteresse ( al-Qal’at al-'arabiyyé, ou Fakhr ed-Din, à environ 2km) et là j'ai assisté à un magnifique coucher de soleil, mais très rapide. C'est vraiment splendide, surtout toute la vue de la montagne. Fantastique.

Apres ça, je suis retournée à l'hôtel, j'ai convenu de retrouver Mohammed à 8h30 demain dans les ruines, pour qu'il m'emmène aux tombeaux et à la source. Mais j'ai l'intention de grimper jusqu'a la citadelle vers 6h demain matin pour voir le soleil se lever sur les ruines... c'est un très beau site Palmyre. De retour à l'hôtel, j'ai discuté avec Sami, le propriétaire, amoureux des livres comme moi... c'est pour ça que j'étais en retard à mon rendez-vous. Mais j'y suis quand même allée, et l'avantage des trottoirs de 40cm, c'est qu'ils font office de banc accessoirement. Je n'étais pas assise depuis 30 secondes que le fils du marchand de tapis est venu m'apporter un tapis pour que je m'assoie dessus... j'ai fini par discuter et boire le thé avec le marchand de tapis, j'ai pas mal discuté avec lui. Il m'a expliqué que la ville de Palmyre est nouvelle, car jusqu'à l'arrivée des français dans les années 30, tout le monde habitait dans le temple (dans les ruines). Et puis là j'ai trouvé Internet, et comme je parle arabe on m'a gentiment offert le thé... je vais manger une spécialité bédouine...

A demain !!!

29 juillet 2004, 22:43

JOURNEE DU JEUDI 29 JUILLET 2004

TADMOR DEUXIEME EPISODE...

Hier soir, après mon rendez-vous manqué et mes quelques discussions, je suis retournée à l'hôtel et j'ai papoté jusqu'à une heure du matin (c'est un amoureux des livres comme moi le monsieur de l'hôtel). Donc je n'ai dormi que quatre petites heures et je me suis levée pour grimper à la forteresse (à deux Km de la ville) pour le lever du soleil... croyez-moi, rien de mieux que de marcher seule dans le désert avec le soleil levant. Il fait frais (20) et ce matin il y avait vraiment beaucoup de vent, c'était super chouette. Donc je suis montée en haut de la forteresse, j'en ai fait le tour et je suis redescendue en me promenant dans a vallée des tombeaux... qu'est-ce que c'est bon d'avoir la paix... après je suis retournée aux ruines de la ville, et là j'ai croisé un bédouin avec deux chamelles et un petit bébé chameau (4 mois mais déjà plus grand que moi!!! y a pas de mal...) on a commencé à discuter, puis il m'a emmenée de l'autre côté des ruines en chameau ( d'ailleurs pour être très précise, c'est pas des chameaux mais des dromadaires). Ensuite j'avais rendez-vous avec le frère de l'hôtelier qui m'a emmenée visiter les tombeaux, c'est super parce que j'ai eu les commentaires de la visite en arabe, et quand je ne connaissais pas les mots il me les disait en français... très intéressant. Ensuite, on a visité le temple de Bel (très très grand, d'ailleurs j'ai appris plein de choses sur l'architecture et tout et tout...). Ensuite, on a fait le musée des traditions populaires, petit mais très sympa, il y a quelques salle seulement avec des reconstitutions de scènes traditionnelles, j'ai enfin vu des palanquins très jolis (voici le genre de vocabulaire que j'acquiert en étudiant la littérature arabe, pas très utile dans la vie courante alors j'étais contente de m'en servir!). J'ai mangé avec le bédouin à midi, puis j'ai visité l'autre musée de Palmyre, avant de rentrer sur Damas.

Ca c'est la version rapide officielle et censurée.

Demain soir je pars à l'aéroport, mon avion décolle samedi à 6h du matin.

A bientôt pour de nouvelles aventures (un site sur ce voyage est en cours de construction)

2 août 2004, 17:03

Samedi à trois heures du matin, un voisin m’a emmenée à l’aéroport. Le soir à 23H, j’étais à Montauban.

Je suis bien arrivée en France...

 

 

Gazette Damascène

26 juin - 30 juillet 2004

Envoyé : 26 juin 2004-07-08 DAMAS

Chère petite famille, je vous souhaite le salut!

Voila mes deux premiers jours à Damas, et cette langue qui chante si bien à mes oreilles. Je suis accueillie chez un ami Syrien de ma cousine, y hablo un poco espagnol con sus amigos qui ont débarqués à Damas le même jour que moi. Nous partons à la recherche d'un appart ensemble et c'est bien pour nous l'occasion de découvrir la ville, d'arpenter ces rues pour la première fois. Les cours ne commencent que Lundi, du coup, c'est vraiment détente pour l'instant! Ma première impression a été celle d'un endroit plus calme que Le Caire - difficilement battable sur ce point. Beaucoup de ruelles ombragées et à l'abri des véhicules qui aux heures de pointe empestent clairement la ville. Oui mais voilà, comme un peu partout en pays arabe, les gens n'ont pas les moyens d'utiliser des essences "propres". Ceci dit le nouveau "président" - c'est le parti Baas qui gouverne ici en Syrie, soit un "idéal" d'état laïc socialiste arabe, en vérité une dictature à la Staline - Basshar El-Assad - le fils du père Hafez, qui lui ressemble vraiment à un Staline - moins les grosses joues, a promis de tripler les salaires, boukra... (plus tard).

Vendredi, jour de prière en pays arabe, nous avons été invités à un énorme déjeuner chez le père de Tariq - l'ami Syrien de ma cousine - falafel, hoummous, hoummous bil-laban, bindinjam -les aubergines séchées, écrasées, et que l'on sert mélangées à une crème avec plein d'épices dedans... après tout ça repos du combattant, et sieste de rigueur! Cela n'est que bien plus tard que nous nous sommes aventurés au coeur de cette ville merveilleuse. 3 millions d’habitants à Damas, et une ville qui s'est élargie à partir de la vieille ville - il ne reste des murs de la citadelle que les sept portes. C’est d'ailleurs assez marrant de voir une énorme porte de pierres, autour de laquelle taxis, voitures et charrettes cavalent. Les rues de la ville nouvelle sont davantage de grandes avenues avec au Sud les quartiers les plus pauvres. Aujourd'hui, nous nous sommes rendus sur le lieu de travail du père de Tariq - il tient une école de langue. Il y a 50 ans, ce quartier Yarmouk n'existait pas, mais des tentes en toile abritaient les premiers réfugiés Palestiniens. Aujourd'hui, tout est bâti en dur, et par rapport au reste de l a ville, the place strikes me as quite nice (l’endroit me paraît bien). Au Nord, la ville continue de s'étendre, et les maisons grimpent les pentes du Mont Qassioun qui enserre cette partie de la ville.

 

Mont Quassioun depuis Hittin Street

C'est assez impressionnant: du balcon de Tariq on aperçoit les différents étages de construction et les maisons s’échelonnent dans les creux - crevasses ? - de la roche, finissant en épingle au sommet. Promis, j'irai voir ce qui se passe là-haut, car ça ressemble fortement à un bidonville, mais il parait que le gouvernement fait tout pour maintenir l'endroit in a decent condition.

Ce qui me comble ici c'est le sourire des gens à chaque fois que je croise leur regard - il est temps que je reprenne les cours pour pouvoir discuter un peu plus avec eux! L’histoire de la ville se lit à la vue du simple passant. Ici on peut visiter la grandiose Mosquée des Omeyyades - une des premières de l'Islam - avec un art des mosaïques hérité de Byzance, des couleurs somptueuses, des califes ( roi de dynastie arabe ) qui ajoutent leur minaret, et du coup on glisse vers une influence mamelouke... avec en prime le Minaret de Jésus par lequel le Prophète est sensé descendre - c'est comme le père noël et la cheminée - pour le combat contre l'Ante-Christ, qui aura lieu dans la cour centrale !

 

Les trois Minarets de la Mosquée des Omeyades

 

Intérieur de la Grande Mosquée et vue sur les propylées extérieurs

A l'extérieur des murs de la Mosquée, les propylées romains encadrent la place. C'est d’ici que s'ouvrent les rues du souq. Je suis donc une petite Claire toute heureuse, curieuse et ravie. Je pense pouvoir avoir accès au net au moins une fois par semaine. Envoyez moi de vos nouvelles. Tendres pensées. Ila liqa! (au revoir).

Claire

Envoyé : jeudi 1 juillet 2004 16:05 DAMAS

Hola a todos, (bonjour)

Je suis heureuse de recevoir de vos nouvelles et je pense particulièrement à toutes celles et ceux qui attendent patiemment leurs résultats. tocar madera! (je touche du bois). Les cours ont commencé depuis une semaine et je dois avouer que le stage est un peu au-dessus de mon niveau. Ceci dit c'est intéressant de voir comment, jour après jour, les rouages de la mémoire se mettent en mouvement. Toujours aussi enchantée par cette langue. Ici, les gens parlent le dialecte syrien. Il y aurait même dit-on un dialecte damascène mais sur ce point je ne suis pas encore spécialiste! La différence est flagrante avec le dialecte égyptien - au niveau sonore j'entends. Ils ont tous une voix extrêmement douce et incroyablement mélodieuse, et je dois dire que pour bien s'en rendre compte, il faut descendre dans la rue, aller acheter son pain au fournil du "roubez"( boulanger ), ou partager un verre de jus de fruits fraîchement pressés avec les fruitiers qui tiennent boutique au coin de chaque rue.

Pour l'instant les cours m'ont laissée peu de temps pour les visites. Je pense ce week-end en profiter davantage, surtout qu'on déménage pour un appartement d'amis-absents qui nous prêtent les clés. Pour un loyer modique, on - Dani, Carolina and I - va loger dans un quartier bien animé au pied du Mont Qassioun.

 

Le Quassioun depuis Affif Street

J'ai pu néanmoins déambuler dans les rues de la vieille ville, surprise par l'aspect labyrinthique de ses ruelles. Les allées les plus connues sont vites parcourues, sauf si, comme nous, on arrive au moment de la sortie de la Grande Mosquée. Là, il faut faire attention à chaque pas de ne pas marcher sur les tapis et babioles disposées au sol, de ne pas bousculer une vieille femme, ou rentrer dans un bonhomme qui saura largement profiter de cette rencontre impromptue! Les Ottomans avaient leur Haussmann, et j'ai pris des photos de ces souks couverts par des tôles, criblées de trous, et qui percent le sol d'auréoles lumineuses. Des petits trous que les puissances mandataires ont laissés, après avoir tiré sur les foules de manifestants pour l'indépendance du pays - c'était en 1925 tout ça, du moins c’est ce que certains disent. Il s’agirait plutôt d’une réaction des tôles face aux intempéries, aux impacts des coups de feu tirés d’en bas cette fois lors des mariages.

Mais il suffit de prendre une allée perpendiculaire et là, la perte sans retour commence. Jusqu'au moment où l'on bute sur la porte d'un grand palais de style ottoman, tout comme entre deux boutiques, on entre-aperçoit les pierres du Temple de Jupiter qui fondent le centre de la vieille ville. Porte fermée. Regard crédule, nous nous retournons. Alors, un homme à bicyclette saute de selle, nous adresse les formules de bienvenue comme de coutume, et tend son bras pour atteindre en haut de la porte un minuscule bouton de sonnette, invisible au regard étranger, et les portes du palais s'ouvrent... visite merveilleuse.

C'est vraiment intéressant de noter les différences qui constituent nos rapports à l'espace, au temps, au gens. Ici, l'hospitalité est de rigueur, aussi, même les amis d'amis sont toujours présents.

Ruelle de la vieille ville

Inutile de préciser le nombre de fois que j'ai pu me perdre dans les rues de Damas. Et l'aventure commence vraiment parce qu'en Syrie, même si les rues ont des noms, les gens - chauffeurs de taxis y compris - ne les connaissent pas. Du coup, c'est complètement inadéquat d'arriver avec nos adresses précises. L'espace est ici entendu du nom de ceux qui y habitent. Aussi, il vaut mieux repérer le nom d'une boutique qui a pignon sur rue, d'un restaurant où l'on grille les shish taouk (grillade de viande blanche) comme nulle part ailleurs... C'est aussi vraiment amusant de se laisser porter par les directions opposées données par tout un chacun, parce qu'ici, si l'on interpelle une personne, c'est tous les gens du coin de la rue qui se mettent en branle, et puis, même si l'on ne connaît pas l'endroit en question, il est impoli de refuser toute aide, du coup, on invente un peu!

Demain, mon premier concert de musique. J'ai vraiment très hâte de pouvoir réentendre le son du luth.

Je vous embrasse tous très fort.

Claire.

Envoyé : dimanche 4 juillet 2004 18:02 DAMAS

Bonjour à tous,

Me voici encore branchée pour vous raconter mes petites nouvelles et la vie ici « baladi chams « au « Pays du Soleil » (dénomination attribuée couramment pour la Syrie).

Merci pour tous vos messages qui me font toujours autant plaisir, alors n'hésitez pas à me raconter des morceaux de votre petite vie à vous. C'est aussi en petits morceaux que je tente de vous faire partager ces moments de bonheur et de découvertes. Je me sens un peu parfois prisonnière des mots et de mes sentiments mais j'espère parvenir à vous faire ressentir ce qu'il se passe ici, de l'autre côté de la Méditerranée. Enfin, mes amis espagnols et moi avons emménagé dans notre nouvel appartement. Le ménage fut intense, mais nous voila maintenant fully settled down ( pleinement installés). C'est assez incroyable de passer de l'ambiance de l'hôtel - très sympathique quoiqu'un peu shabby ( délabré) parfois - des allées et venues, du copinage entre touristes et touristettes de passage à Damas et la sensation d'appartenir vraiment au décor, de s'installer dans cet environnement, de se sentir peu à peu un peu moins étrangère. Hier, nous sommes descendus dans les rues du souq faire nos achats - la faim nous tiraillait en cet fin de soirée, et c'est à coup sûr la sensation d'avoir quitté les sentiers tracés du guide pour habiter dans un quartier dont je n'aurais pas entendu parler sans cet emménagement. Tout va pour le mieux là-bas et je profite en vérité de notre first day there. Mais un petit retour en arrière s'impose ici. Je ne partirai pas très loin, seulement hier, lorsque je commençai mes aventures en solitaire. C'était un peu à reculons, car je dois l'avouer, entre nos amis Syriens qui gardent un oeil protecteur sur nous et mes amis ici, avec qui j'apprécie balades et petites bouffes, je n'avais pas encore vraiment profité pour déambuler seule. Le regard des hommes parfois offusqué, quoiqu'en vérité rarement. L'étrangeté attire les regards parfois un peu trop insistants. En fait, il suffit de retourner un sourire et tout de suite les visages s'illuminent. C'est assez fort. A peine entrée dans les rues de la vieille ville, un groupe de petits grands-pères installés devant la boutique de l'un d'eux, m'invitent du regard à m'asseoir et nous partageons ensemble un verre de thé, pendant que je leur parle - avec mes faibles moyens - et qu'ils me racontent leur activité. Un peu plus loin, j'entre dans une madrassa- ( ou école coranique) . Samedi les élèves sont absents, mais les "documentalistes" m'accueillent au pas de la porte. L'un deux me propose de me montrer l'école, avec ses salles de classe assez similaires aux nôtres, mais du coup, j'attire son intérêt vers la bibliothèque et il m'accompagne à l'intérieur. Je dois avouer que j'ai été assez surprise. Je m'attendais pour une madrassa à ne trouver que des exégèses du coran... les impressions sont trompeuses, en fait on y trouve de tout - géographie, histoire, littérature, politique, et dans toutes les langues - français, espagnol, allemand, anglais. Peut-être à regretter l'âge de ces livres. Les moyens manquent peut-être encore ici pour renouveler les collections.

 

Palais Azem

 

Ce gentil documentaliste - et oui ça existe! - m'emmène au Palais Azem, (maison construite dans le style ottoman au 18e siècle). Je ne sais pas exactement combien de palais aujourd'hui ont été conservés, mais à l'époque les gouverneurs voyaient plutôt dans un étalage de richesse saisissant. Aujourd'hui, c'est un véritable havre, pour les yeux, et les fleurs de jasmin embaument les cours... Je poursuis ma petite visite et je rencontre dans un khan ( auberge-entrepôt ) un charmant architecte décorateur qui me fait découvrir les derniers projets de la ville.

 

Khan Assad Pacha

 

RDV ce soir pour la finale de foot, à vos antennes. Mes amis ici s'impatientent, alors je vous envoie mes plus doux bisous.

Claire

Envoyé : 10 juillet 2004-20 :11 DAMAS

Bonjour à tous,

Me voici de retour face à l'écran pour partager ces nouveaux morceaux, que pièce après pièce, je collecte pour vous laisser au final le choix de la forme et des couleurs que vous verrez dans cette mosaïque.

La chaleur est descendue sur Damas, brusquement, et les 38-40 degrés, ne semblent plus grand chose à côté des 45-48 de ces derniers jours. Ne rien espérer de l’après-midi, sinon détente et travail - car je suis là aussi pour profiter de ce stage. C'est en fait un assez bon compromis, même si le niveau est vraiment haut, et que je me sens parfois a bit lost ( un peu perdue), but I am catching more and more, everyday. Les cours sont bien organisés, et on varie les plaisirs entre histoire, littérature, presse, civilisation... les cours de niveau supérieur ont un cours de pensée islamique, ça m'aurait vraiment plu d'y participer, mais il faudra attendre encore un peu en ce qui me concerne... seule pause de ces 5 heures de cours quotidien, la demi-heure d'avant midi, et mon amie Michaela et moi avons pris le pli de nous rendre chez le boulanger du coin. Vous devriez être là pour voir comment chaque jour il nous accueille. Des petites pizzas pour un franc, mais tant de visages souriants et d'appel "ya sadiqi" - ( mon amie!). C'est ainsi que nous sortons de notre terrier pour affronter le soleil brûlant et si éblouissant. Tous les matins, je me rends à pieds jusqu'à l'IFEAD (Institut Français des Etudes arabe de Damas ), et c'est ainsi que je goûte mes premières images. Je n'y avais pas prêté attention précédemment, et peut-être que la nouvelle vague de chaleur en est la cause, mais le contraste dans le ciel est saisissant. Ne pas se tromper ici, je ne "romanticise" pas. Au bout de cette grande avenue que je parcours, un épais nuage gris-brun recouvre l'horizon, ce n’est qu'au-dessus que l'air est sans doute respirable, en tout cas, le ciel est bleu. Contraste encore plus saisissant, le nuage disparaît tous les vendredis. Jour de prière en terre musulmane, et toute activité cesse. C'est à peine si les petits épiciers sont encore ouverts, ce qui parait assez étonnant pour ces boutiques que l'on sait ouvertes 24h/24. Les rues sont désertes, alors que la veille, il a fallu faire preuve de patience et de la plus grande dextérité pour la traverser. C'est au fond très agréable. Mais du coup, j'en ai un peu assez de marcher seule. Dani, le garçon du groupe a été la semaine dernière à la prière du vendredi. J'aimerais faire la même chose, mais ma peau et mon pauvre arabe - anglicisme? - dévoilent assez aisément mon identité. Ceci dit, mes amis Syriens me disent que couverte des pieds à la tête, je devrais passer inaperçue... En tout cas, je suis curieuse de savoir comment se déroule cette prière.

Le week-end a commencé pour moi hier à 14h et deux heures plus tard nous étions installés, Michaela, deux de ses amis et moi dans un bus en direction de Tadmor -( Palmyre, pour les hellénistiques) - direction Nord-est donc. Palmyre est une oasis en plein désert et des fouilles archéologiques ont révélé des vestiges datant de 3000 ans avant J-C.

 

Palmyre

Mes dates sont très vagues, mais disons que l'endroit est bien vieux, et que cette ville est une étape empruntée depuis des millénaires par les marchands de tous pays. Ce sont donc des arches, colonnes et temples qui apparaissent en plein désert.

 

Palmyre : la citadelle et la nécropôle (vallée deds tombeaux)

A notre arrivée, un Bédouin, absolument charmant, nous a accueilli et invité à manger le mansaf - plat traditionnel Bédouin à base de poulet et de riz, cuisiné avec je ne sais quelles herbes qui donnent une saveur exquise au tout - à boire le lait de brebis, à croquer dans la chère tendre de ses olives et à lécher les cuillères de confiture d'abricots qui poussent dans l'oasis voisine. Sa famille habite le désert, mais lui a un jardin à Palmyre dans lequel nous avons dormi. Entre l'oasis et le désert, la vie de cet homme balance, même s'il m'a plusieurs fois répété que le sahara (désert ) était l'endroit où il se sentait vraiment chez lui. C'est en fait étrange, « d'habiter » le désert, de ne plus ou ne pas vouloir en sortir, de vivre du lait de ses brebis, et des courses de ses chevaux. C'est dans ces moments que le poids de la naissance se fait le plus sentir. Même si je comprends cet homme, et partage ses émotions, je demeure vraiment extérieure à son être, si lié à l'espace qui l'habite. Au fond, moi aussi, je suis inextricablement liée à l'espace de la ville, de ma maison... et j'aimerais pouvoir ne serait-ce qu'imaginer ce qu'être Bédouine peut signifier, comment ces femmes imaginent leur destin. Cette excursion jusqu'à Palmyre a aussi été l'occasion de ma première course à dos de chameau, même si je dois vous avouez ma réticence. Drôle de bête quand même. Mais ça été l'occasion pour nous tous de découvrir le site du haut d'un mont, au lever du soleil. De superbes images en tête que j'espère pouvoir partager avec vous à mon retour - car non, je ne me suis pas mise à la digital camera, but I promise that I am doing my best to take interesting shots. Demain, repos, travail, balade, je ne sais encore, les trois sans doute à la fois. A bientôt dans de prochains messages. Mes plus doux bisous.

Claire.

Envoyé : 15 juillet 2004-20 :04 DAMAS

Petit coucou à tous de derrière le clavier. Rywayat, vous l'aurez deviné, c'est notre équivalent à nous pour nouvelles, histoires, contes, gazettes, tout ça pour vous écrire les quelques pages déjà tournées depuis notre dernier entretien - en solitaire. Dani et Carolina ont quitté l'appartement ce soir, en partance pour Alep. Ils retrouveront sûrement un ami commun à Lattaquié, sur la côte. Moi, je reste, enfin, pas pour très longtemps puisque dès demain à la fin des cours, Michaela et moi espérons grimper dans un bus qui nous conduira un peu plus au nord de Damas, à Maaloula, dans le Massif du Qalamoun. La destination est très connue et prisée des pèlerins. C'est ici que la population parle encore Araméen ( langue sémitique parlée à l’époque du Christ ) et que de grandes figures, des empereurs romains ou autres ont suivi la voie de la conversion. Mais, c'est peut-être moins pour l'Araméen, que pour les fantastiques panoramas que nous avons prévu cette excursion. Mais j'arrête là mes palabres et je reprendrai plus tard, lorsque le paysage nous aura suffisamment ébloui. Samedi, on rejoindra Beshr , mon guide - vous vous souvenez de cet ami restaurateur-architecte - dans le monastère de Mar Moussa, niché sur un plateau, aux portes du désert. Ce soir, je devais me joindre au groupe de l'IFEAD pour un dîner à Bloudan, un petit village lui aussi logé sur les hauteurs, à proximité de Damas. Je regrette un peu de ne pas savourer avec eux la vue et les mézzés (plats traditionnels ), mais la fatigue me gagne, cruellement. Le rythme des cours est vraiment intensif et il est désagréable, aujourd'hui comme d'autres jours de tomber de fatigue, alors ce soir c'est décidé, coûte que coûte: repos.Ces derniers après-midi, je me suis baladée dans les rues de notre quartier. Nous sommes logés vraiment au pied du mont qui borde la ville au Nord. Plutôt que de tourner à droite, dans notre rue, j'ai continué tout droit, grimpé ces pentes vraiment escarpées, tourné à droite, puis à gauche, à gauche, à droite, puis encore à gauche, histoire de me perdre un peu. Ruelles étroites, quelques magasins épars, peu de monde dans les rues. Tout à coup, une volée d'enfants tournent dans la rue que j'emprunte en criant, riant, se bousculant. C'est que l'un d'eux est sorti de derrière sa cachette et a fini le compte à rebours. Tous ne sont pas encore cachés. C'est en effet un endroit idéal pour jouer, pas de voiture, un défilé de rues étroites, des pentes à dévaler... Puis je descends, et retombe sur le souq le plus proche de chez nous, un endroit que j'adore vraiment. Cette fois-ci, j'atteindrai le bout, mais bientôt, les boucles se multiplient et les passages fourchent, la promenade sera plus longue que prévue. Peu importe, c'est un plaisir d'être au milieu de tous ces gens, de se fondre un peu, d'acheter des fruits magnifiques, et d'échanger des sourires radieux.

 

 

Ruelle de la vieille ville

De même, le lendemain, en me rendant dans un quartier plus populaire de Damas, Midan, inutile de vous dire que les regards sont tournés sur cette Européenne qui leur rend une petite visite. Finalement, c'est dans ces endroits reculés qu'il fait aussi bon d'être, même si parfois, l'étonnement est un peu gênant. Du coup, moi qui voulais entrer dans les mosquées de la première période ottomane, regroupées à cet endroit, il faudra revenir une prochaine fois, entièrement couverte. Pas de hijab ( foulard de femme ) qu'on prête aux visiteurs, et c'est avec la plus grande affabilité que celui qui gardait l'entrée de la mosquée Pacha en récitant le Coran, me refuse l'entrée. Tant pis, pour l'intérêt de style et d'architecture, je tourne à gauche, et tombe sur un nouveau souq, tout aussi grandiose que celui à côté de chez nous. Des étalages de dattes à profusion: je ne résiste pas longtemps... Promis, j'en rapporte quelques sacs.J'ai aussi beaucoup de chance de rencontrer des gens du pays et d'ailleurs, qui échangent avec moi leurs idées, opinions et visions pour l'avenir de leur pays. C'est aussi le temps d'une course de taxi, qu'on découvre la vie d'un homme, qui lui même représente une certaine partie de la société syrienne, et, comme je vous le promets depuis le début, que le puzzle s'assemble. Mais il faudra attendre qu'on se retrouve pour partager tout ça.

Mille bisous à tous.

Claire.

 

Les médecins de Damas

Envoyé : dimanche 18 juillet 2004 22:32 DAMAS

Bienvenue pour cette nouvelle sortie du Bulletin Officiel de Damas.

J'ai l'impression d'écrire plus que prévu, peut-être même que ces bulletins s'allongent en listes interminables, mais vous êtes mon petit journal de bord, les mémentos d'une mémoire qui faillit... alors j'espère que le courage ne vous manquera pas cette fois, même si ce que j'écris ne réveille aucun souvenir particulier de votre côté. Je commencerai donc par un rêve. Hier, 2h23, au réveil, et le téléphone sonne. Ce coup de fil me tire de mon sommeil, et interrompt l'histoire que j'étais en train de vous raconter. La prose atteint le rêve! :

[ Je rêvais donc, décrivant, les espaces qui séparent Damas du monastère de Mar Mousa, un peu plus au Nord, aux portes du désert. J'étais bien sûr inconsciente, et c'est cet appel téléphonique qui, en interrompant mon discours, achemina mon rêve à ma conscience. Je poursuis donc : Il était un micro-bus, soulevant la poussière d'une route non-asphaltée, traversant l'une de ces villes fantômes, en chemin. Plusieurs de celle-ci jalonnent en effet la voix rapide reliant Damas à Mar Mousa, jalons posés sur un espace "vide", et cachant pour un temps, les carrières crayeuses, exploitées plus loin, monts déchirés en crevasses profondes. ]

C'est un peu la réflexion que me faisait mon guide Beshr en chemin, se demandant comment de telles villes, même au stade de bourgade, pouvaient survivre. Pas d'industrie, pas d'irrigation pour l'agriculture, rien que des rues, et des immeubles, assez moches, du gros béton et des ouvertures pour fenêtres... mais le micro bus quitte la route principale, et coupe à travers "champs". La route s'est rétrécie mais ne serpente pas, ou pas encore, la pente se raidie bientôt, et nous voici en vue du monastère. Le chauffeur nous laisse à la porte de l'enceinte, mais il nous faudra encore grimper des escaliers escarpés pour être accueillis par les habitants des lieux... je dis habitants et pas moines car en fait c'est une communauté disparate qui occupe le monastère. Tous rassemblés ici pour la prière et la méditation, certains pour une semaine, d'autres pour cinq mois. L'un d’eux nous emmène jusqu'à la chapelle byzantine du monastère.

 

Détail fresques de la chapelle de Mar Moussa

Et là la surprise nous gagne tous, le sol couvert de tapis, et des fresques couvrant murs et plafond, vieilles de quelques 900 ans, leurs couleurs préservées par une couverture de torchis, dégagée il y peu de temps, lorsqu'un père Jésuite Italien découvre le lieu en 1982, et décide d'y faire revivre une communauté. Bref, le temps d'un repas en commun, et nous reprenons la route pour Damas. Aujourd'hui, pas de virée sur la ville Hama, ni sur les Châteaux de Saône (édifiés par les croisés ) en Syrie, mais repos dans notre appartement, travail pour la semaine prochaine, amis au téléphone, découverte de "The Score" des Fugees derrière un canapé, alors décalage musical permis pendant une bonne partie de l'après midi puis reballade dans divers quartiers de Damas. Habitant vraiment au Nord, il nous faut choisir un moyen de transport pour nous déplacer sur ces chaussées qui ressemblent parfois à de la folie urbaine. Du coup, choix entre taxi - aux chauffeurs très volubiles et aux haut-parleurs de radio toujours en action -- j'adore discuter avec nos compagnons de chemin -- le bus, que je n'ai pris qu'une fois - je désespère de comprendre leurs routes - et les micro-bus. Bon là encore, c'est loin d'être parfait. Je suis en effet sensée pouvoir repérer la direction indiquée sur une espèce de pancarte surplombant la pare-brise frontal, mais avec ma vitesse de lecture, la plupart d'entre eux se faufilent avant que quoique que ce soit ne fasse sens. Mais, une fois grimpée, je savoure. Des gens qui montent et descendent tous les 200 mètres, de l'argent et des billets qui circulent dans ce qui parait la première fois comme un chaos intraduisible mais qui bientôt devient tout à fait compréhensible. Chacun paie le chauffeur cinq livres, mais comme on grimpe par une porte coulissante sans lien direct avec les sièges avant du chauffeur, il faut d'abord s'installer et payer ensuite. Pas de souci, personne ne gruge et d'ailleurs personne ne surveille personne. Assise au fond du micro bus, le billet de 100 atteint le chauffeur après être passé par 4 mains différentes puis la monnaie me revient en retour, personne non plus ne se sert au passage. Les gens font aussi des transactions entre eux avant de tendre la somme entière au chauffeur, bref, c'est un spectacle auquel je m'accoutume, qui devient presque banal, mais qui m'amuse toujours autant.

Aujourd'hui donc, je retournais dans Midan quartier sud populaire de Damas, et de manière assez intéressante, je découvre une mosquée nichée dans un coin de rue et dont le carrelage marquant le dessus de la porte d'entrée avait attiré mon regard.

 

Détail entrée de Mosquée

Cette mosquée fait face à celle dont l'accès m'avait été interdit. Ici, un jeune homme comprend que n'ai pas de foulard pour rentrer, alors il fonce vers le fond de la cour et décroche d'un fil un vieux torchon tout pourri. C'est pas grave, j'entourloupe le tout, et un petit vieux m'ouvre les portes des salles de prière. Rien ne se prévoit, et rien n'est systématique, la largeur d'une rue sépare ces deux mosquées! Ma ballade se poursuit et je m'attarde devant l'entrée d'une église orthodoxe. Les femmes accueillent la mariée par les cris. L’église va bientôt sortir et des tambours battent fort. Rythme oriental, avec une trompette qui nous jouent la 5ème Symphonie de Beethoven en sur-impression. Mélange de style intéressant. Bientôt je retrouve un nouveau marchand de dattes. A nouveau je m'arrête. Il faut argumenter: non je n'en veux pas trois kilos, mais 200 grammes, mais soudain, je comprends que moi et mes petites mesures doivent être revue et s'adapter au poids qu'ici on utilise. Je suis bien ridicule, puisque de toute façon la balance n'est pas électrique et le plomb qu'utilise mon marchand ne subdivise pas le demi-kilo. Encore un dernier geste qui aura retenu mon attention aujourd'hui, celui de mon épicier. Hier en entrant, il était en pleine prière dans son magasin, aujourd'hui il m'a reconnu, et d'un grand sourire me tend le pot de yaourt que je suis venue chercher. Il me rend la monnaie et glisse entre les billets un petit bonbon... Voila pour les petites douceurs, que je vous envoie, pour partager tout ce que je reçois. Tous mes bisous.

Claire.

Envoyé : samedi 24 juillet 2004 22:30 DAMAS

Bonjour de Syrie!

Voilà le stage qui se termine, si tôt, finalement. Je pense que même si le niveau est resté jusqu'à la fin au-dessus de mes propres capacités d'expression et de compréhension, il a été une efficace ré-introduction à la langue. J'espère ne plus lâcher tout ça de si tôt... mais avec les perspectives futures - de l'année prochaine du moins - les choses me paraissent périlleuses. Enfin, j'entame ma dernière semaine ici, le temps de barouder un peu, en bonne compagnie. Juste après la fin des cours Vendredi, nous prenions un bus pour Hama, ville située à 2 heures de route de Damas, au nord. C'est là-bas que nous savourons un dîner entre amis, nos regards tournés sur l'Oronte, fleuve qui alimente en eau les collines alentour. Aujourd'hui, de nouveaux moyens d'irrigation ont remplacé l'antique système des norias, roues à eau, dont les godets se déversent sur des aqueducs qui acheminent l'eau vers les flancs fertiles des collines qui enserrent la ville. Du coup, elles tournent aujourd'hui, plus pour le charme du décor...

 

Les Norias de Hama

Mais il est certain que notre petite ballade très matinale le lendemain était très apaisante. Après un petit déjeuner de halaouiat gibnet, la spécialité locale, qui consiste en une espèce de pâte parfumée à la fleur d'oranger, fourrée d'un fromage doux, recouverte de miel, pistache et noix de coco, nous partons pour un petit voyage de découverte de la région. Nous découvrons Sheizar (château croisé) et Apamée (ruines romaines ).

Apamée

Puis Misyaf (forteresse assassine - d'où la secte chiite Ismaélienne venue d'Iran imposait la terreur aux musulmans orthodoxes comme aux Croisés),mais aussi de somptueuses mosaïques de l'époque Byzantine, et notamment, de jolies Néréides (lacs), encore parfaitement conservées. En été, la nature qui nous entoure est desséchée, mais les flancs du djebel (montagne) Ansaryé, où sont situés ces endroits, retiennent encore les dernières notes de vert. Les contrastes de couleurs et de matière sont saisissants. Les roches grises et abruptes font surface, par endroits, recouvertes sinon d'une pellicule de gravas rouges. L'entrée dans la montagne est aussi une variation de paysages qui éblouissent nos petits yeux.

Première rencontre avec un caméléon... vraiment étrange. Je ne sais pas si vous en avez déjà vu de près, mais ils ont des yeux bizarres. Pas de différence de couleur entre le globe oculaire, l'oeil en lui-même et le reste de la peau, et un oeil giratoire. Bref, ça m'a laissée perplexe. Comme de se retrouver nez-à-nez ce matin avec un perroquet qui nous faisait la conversation… en arabe ! De retour ce soir à Damas, embouteillage monstre, match de foot oblige. Demain je repars pour Bosra, au Sud, ancienne capitale de l'empire romain, pour y entendre un concert de musique organisé par le centre culturel italien, orchestre symphonique de Syrie, et Philharmonique de la Scala de Milan, avec au programme Bellini et Respighi! J'ai hâte d'ouvrir mes oreilles! Mes bisous, et mes pensées.

Claire.

Envoyé : jeudi 29 juillet 2004 14:00 DAMAS

Damas. Le 28/7/04.

Bonjour à toute ma petite famille.

Un petit moment déjà que j’avais envie de vous écrire ces quelques mots, sûrement mon dernier message avant le grand retour. J’espère avoir jusqu’à maintenant pu vous faire ressentir toutes ces choses qui se bousculent en moi, au fil des jours. Lundi, je reprenais le car, direction, Alep, deuxième ville du pays, en direction de la frontière avec la Turquie. Tout ça bien sûr après avoir quitté Beshr et Brice, entre qui j’étais confortablement assise pour ce concert en plein air, dans le théâtre romain de Bosra.

 

Bosra-concert

Chef d’œuvre de musique et de voix, je vibrais au son des cordes, prise au jeu d’accords maintenus sur un ton, jusqu'à épuisement. Cette fois, il revient, à moi et à Michaela, de tracer notre chemin vers le Nord.

L’arrivée, comme le départ est un peu brusque. La gare est un lieu où l’on vend des tickets, donc où l’on attire le client vers la compagnie dont on fait la promotion. Beaucoup de chahut, coups d’épaules, bras levé et voix en pointe. Lorsque le client se rend, le jeu devient forcément plus calme, et muni de son ticket, nous, apprenties-voyageuses, filons vers notre place. A l’arrivée, il s’agit de se frayer un chemin à travers la foule de taxis qui vous attendent, et surtout de discuter prix. Un touriste fraîchement descendu de son car est une bonne cible ! On invente même ici des drames en cinq actes. Introduction : les touristes descendent du car, le conducteur les harponne. Acte II : un couple proche assiste à la scène et vient en aide aux deux jeunes filles. Acte III : insistance du taxidriver, le couple propose aux jeunes filles de les accompagner jusqu'à l’hôtel. Acte IV : le chauffeur s’enflamme, et affabule. L’homme et la femme sont un couple de « mafieux. » Acte V : conclusion et bonne rigolade. C’était tout de même un peu gros !Notre visite à Alep fut vraiment trop courte pour nous imprégner de la ville, et j’ai eu la sensation un peu détestable d’être touriste parmi les touristes, de voir un maximum de choses en un minimum de temps, de passer rapidement, de ne pas arpenter, lentement, au même rythme que ces femmes qu’on ne perd pas de vue tellement le pas est lent, bref, de ne pas ressentir cette même osmose qu’un mois à Damas a pu créer entre la ville et moi. Il y a quelque chose d'étonnant sur le rythme ici, un peu comme un paradoxe. Les rues sont bondées et laissent une impression d'affairement ininterrompu. Il faut se faufiler pour avancer, entre voitures, charrettes et personnes. Et pourtant, tant de gens, assis, le regard vide, à attendre, quoi? Perdu? Dormant debout. C'est tout l'art du rien faire ici. C'est tout ce temps que l'on juge précieux, donné gratuitement, au vent.

 

Entrée par Bab Antakya

Alep est vraiment une cité ancienne, et le contemporain se juxtapose au centenaire sans transition. Alep est une ville de commerce, et les infrastructures datant de plus d’un demi millénaire sont investies par les marchands des souqs au travers desquels nous déambulons. Les khans, souvent délabrés, servent d’arrière-boutiques, au marchand qui expose dans deux mètres carrés, des empilements de produits, propres à son commerce : l’épicier ne vend pas de cordages, pas plus que le tisserand ne s’occupe d’orfèvrerie. Ici, le souq est couvert, nous marchons donc sous voûtes, emportées par le rythme de marche des clients, chalands en mini camionnettes, à dos d’âne ou de petit chameau. Le rythme se ralentit… je découvre un peu plus loin que quelqu’un occupe la voie et gêne le passage. Travaux publics. A hauteur de pieds, plusieurs hommes retirent les pierres de la chaussée large d’un mètre tout au plus, pour remettre le tout à niveau pêle-mêle dans les piétinements des passants. Comme un peu plus tard, du haut de la citadelle, j’observe ces hommes décharger ces brouettes de pierre en plein soleil de milieu de journée. Des conditions de travail qu’on leur a appris à accepter. Dès lors, mon regard parait bien futile, trop en décalage avec le monde qui m’entoure. Qui, dans de mauvaises conditions de travail, se soucie d’un rayon de lumière, sorti d’un de ces orifices percés au plafond et qui dissèquent en raies la largeur de la chaussée ? Il me semble qu’Alep, en comparaison avec Damas est beaucoup plus attachée à son arrière pays rural. Tant de femmes croisées, sans reconnaître la signification des tatouages dessinés autour de leurs lèvres, ni leur tenue vestimentaire, beaucoup plus traditionnelle. Mais encore une fois, aucune description ne sera adéquate, car face au traditionnel, se pâme le neuf, lorsque d’un quartier à l’autre, on passe de la vieille camionnette aux BM et compagnie, et tous ces jeunes filles particulièrement dévêtus pour une ville orientale. Les rues de Azizihé le soir, vibrent de cette déferlante, jeune et décolletée. Mais je retiendrai de ce court séjour, l’hospitalité incroyable de la population. Chaque marchand a à sa disposition un réchaud, ou un thermos de thé et pas un arrêt sans qu’ils nous invitent à boire et à parler. L'hospitalité a aussi son revers, une protection trop pesante, un regard trop insistant sur la femme étrangère. Ces moments de malaise sont rares. Nous quittons la ville, et montons encore un peu plus au Nord, pour visiter les vestiges d'une cathédrale byzantine du 5ème siècle construite par l’empereur Justinien de Byzance, portant le nom du saint auquel les pèlerins portaient un culte, Siméon.

 

Saint Siméon : détail Absidiole, façade extérieure

Saint Siméon : détail colonne

Perché en haut d'une colline, l'édifice est fabuleusement conservé, et la pierre blanche éclate à nos yeux. D'ici, la vue sur la campagne alentour est magnifique. Le souffle du vent est continu, mélodieux, variant les tons, si bien que je me laisse bercer à l'abri d'un olivier. Les cigales ajustent leurs cordes et nous écoutons. Au loin, le regard se perd dans une nébuleuse bleue, les contours du paysage soufflés par la chaleur. La route est belle, le paysage particulier, comme de la poussière rouge de roche, du dessous de laquelle ont jailli des pierres blanches-grises. La nature dessine des volutes de pierres sur une terre rouge. Beaucoup de couleurs, de sons qui me manqueront terriblement, je le sais. Aujourd'hui, de retour à Damas, j'emplette et remplis mes sacs, de plein de bonnes choses que je veux vous faire goûter. Et puis, je papotte, partage des cafés avec les boutiquiers, retourne voir des amis. Hasard, ô hasard, une femme m'interpelle. Une fraction de seconde et je la reconnais. Elle est cette fois accompagnée de son mari. Ils vivent tous deux en France, à Bourges, et je l'avais rencontré dans l'avion, à l'aller. Elle est absolument adorable. Son mari aussi d'ailleurs. C'est avec lui que je prendrai l'avion samedi, même vol. Je ne rentre donc pas seule! Inutile de vous dire à quel point j'ai hâte de vous retrouver samedi. Je vous embrasse tous les trois bien fort.

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